Exo anonyme « L'attente » : My dear Dow jones

Il n'a pas levé le nez de son journal.
Quand elle lui a demandé si elle pouvait s'asseoir…

— Pourquoi pas ? a-t-il répondu.

Mais était-ce une réponse ?
Il n'a pas répondu non plus quand elle lui a dit

— Les nouvelles sont-elles bonnes?
— Bonnes ? a-t-il répété en un écho étouffé…

Il n'avait pas une tête à lire un journal dans un jardin public, assis sur un banc. Et pourtant il était là, avec son cartable à ses pieds.
Elle s'entendit dire stupidement :

— Je m'en vais

Comme si elle voulait le punir de ne l'avoir pas regardée.
Mais elle est restée.

Au bout d'un moment, elle s'est mise à renifler doucement, puis à pleurer en sourdine, et elle finit par sangloter.
Alors, rabattant sur ses genoux les pans de son loden et pliant son journal en quatre, il annonça sur un ton plein de douceur :

— Le cac 40 s'est effondré.

Il avait parlé! Il lui avait parlé !

Une histoire commençait. Elle le savait, elle le sentait.
Éperdue de bonheur, elle le ramena chez elle où il s'installa sans broncher.
Et il se remit à lire le journal, mais sur le canapé.
Et elle, qui reniflait et pleurait en sourdine, elle attendait.

Elle attendait une nouvelle chute du cac 40, ou au moins une autre facétie du dow jones.

Alors là j'adore
Même si la pirouette est facile
elle est belle à lire

l'emploi du passé composé donne un ton mélancolique et inéluctable, à la Prévert (il a mis le café dans la tasse, il a tourné la cuillère dans la tasse à café...)

C'est à la fois drôle et poignant
faut que je regarde de plus près comment c'est fait

J'avoue avoir un peu de mal à comprendre l'histoire si toutefois il y a une histoire qui se déroule . Tout cela se lit bien mais reste un peu confus pour moi.

hum…de l’humour et du glauque, c’est froid et drôle…un down John assis au journal et une pleurnicheuse qui l’attend…mais à qui donc pourrait bien être cet exo aux petits oignons…? (en tout cas c'est un garçon, c’est quelqu’un qui connaît les Loden, et il n’y a pas tant de villes où l’on croise ce manteau là…!)

Narbah ?

je sais pas pourquoi à chaque fois que je ne sais pas je dis : narbah ?

oh la la je suis partie
zou !
go !

Une fable cruelle qui ravit son lecteur : quand elle commence à sangloter ... "le cac 40 s'est effondré" Tout est dit entre eux et sans un mot de trop !

Mais pourquoi pleure-t-elle ainsi ? Pour le Cac 40 qui s'effondre ? *sourire*
Je n'aime pas les femmes qui pleurent trop facilement, c'est une sorte de manipulation, non ?

J'adore quand elle le ramène chez-lui! Drôlement bien trouvé!
très bien fait, etc. etc. etc.

Hou la pleureuse sur commande qui profite honteusement de la chute du cac40 ! :-)
J'aime bien ça, un voile de mystère dosé avec justesse et une ambiance plutôt prenante. Et puis l'idée me plaît bien.

Modération a écrit:
— Je m'en vais

Comme si elle voulait le punir de ne l'avoir pas regardée.
Mais elle est restée.

Ceci, notamment, sonne si juste !

Au mot cartable, je me suis dit, mais que fout un écolier dans un parc en train de lire le journal ? et j'ai poursuivi avec ce personnage en tête, autant dire que je n'ai pu apprécier pleinement le texte.

C'est jubilatoire ! Je vais regarder les cours de la Bourse d'un autre oeil !!!

J'aime le ton et le détachement, mais pourquoi diable pleure-t-elle ?
Malgré cette incompréhension, il y a des traits qui percutent :

Elle s'entendit dire stupidement :

— Je m'en vais

Comme si elle voulait le punir de ne l'avoir pas regardée.
Mais elle est restée.

Incontestablement, mon passage favori.
Là, aussi:

...où il s'installa sans broncher.
Et il se remit à lire le journal, mais sur le canapé.

Une grrrrande connaissance de l'Homme, cet auteur ! :-)))

J'ai bien suivi les indices, une chute qui parle!

j'ai relu et mieux compris cette fois j'espère. Bien pour la satire de l'homo boursicotus
Je vais arrêter les lectures et les commentaires parce que la tête me tourne!

j'adore ce texte je ne sais pas pourquoi, enfin si j'ai mes trucs à moi, comme Janis le choix du temps, le "je ne comprends pas tout" justement, et le côté fable, conte moderne... bref, j'adore.

C'est vrai qu'à la relecture, je me suis demandé pourquoi cette gourde pleurait près d'un inconnu. Enfin, il faut de tout pour faire un monde.
Sinon, pour le cartable : d'accord. J'aurais dû mettre attaché-case, ou serviette.

Merci à tous pour vos commentaires.

bravo aussi pour celui là, au fait!
comme je disais...en grande forme, quoi.