Exo « Anonyme » : Rencontre

Imaginez un horizon démuni où l’avenir est un présent rêvé.
Imaginez simplement un univers marin stylisé, deux bandes : beige et bleue.
Retenez votre souffle, puis fermez les yeux.
Vous n’avez pas à douter, il y a ce silence et le retour.
Ce retour que vous attendez sur cette plage, immobile, à peine effleuré par l’air marin.
Ailleurs comme des cris d’enfants simplifient l’environnement sonore, en se mêlant une fois pour toutes au vague ressac des vagues.
Vous êtes la statue salée, vous buvez le sel sur vos lèvres, en attendant ce baiser qui saura venir, puisque vous l’attendez.

Il y a ce frôlement derrière votre dos, ces mains qui ne vous touchent pas encore, que vous savez prêtes à l’enlacement.
Il ne faut pas se retourner, attendre encore.
Vous faites partie de cet horizon sans limites.
Le souffle chaud se rapproche de votre cou, et vous ouvrez les yeux pour fixer une écume naissante qui souligne la séparation du sable et de la mer.
Enfin ce bras vous enlace.
Un instant votre corps se raidit puis se laisse aller.
Les bras vous entourent et glissent sur l’axe de votre corps.
Vous ne bougez pas de peur de perdre le fil de vos pensées.
Elle est face à vous, son ventre collé contre le vôtre.
Sa bouche remonte vers vos lèvres pour le baiser attendu.

Vous ne doutez plus car vous sentez cette chaleur animale qui s’impose à vous, comme vous vous imposez à elle.
Il n’y a pas de lutte, un simple abandon.
Vous êtes à la fois le sable et la mer, l’un l’autre, à tour de rôle.
Vous tournez lentement pour la danse du désir.
Elle dit : « je vous ai sauvé la mort ».

Désolé pour l'auteur qui y a sans doute mis une partie de lui-même mais cela me fait trop attendu, voire cliché. Ecrit par un homme, moins de trente ans, probablement. Je ne vois par ailleurs pas le thème du secret.

Oh que j'aime ça !

Ailleurs comme des cris d’enfants simplifient l’environnement sonore

Ici et ailleurs. Hors temps, mais maintenant. Deux bandes : bleu/beige, comme un Nicolas de Stael...
Ce texte qui joue sur les oppositions ( abstraction/incarnation, plein/manque... ) me parle un langage qui trouble le mien : je n'arrive pas à dire ce qu'il me fait...

C'est un beau paysage marin, délicat, qui me fait moi un peu penser à ce célèbre tableau de Caspar David Friedrich.
Beaucoup aimé lire la progression fragmentée, très visuelle, doucement amenée, pas à pas - presque geste à geste - jusqu'à cette réplique surprenante de la fin.

Excellent travail, madame/monsieur anonyme.

vers la fin
le mélange femme vague me manque un peu de quelque chose
surtout avec la dernière phrase, en trop ou pas assez.

mais ça c'était si moije en était l'écrivailleur

Sinon,
à part ce petit effet de fin
le reste me convient tout à fait, tout à fait

et là
pour deviner qui est celui qui
ou celle qui m^me si

...?

Bon, moi je pense bien à quelqu'un là : le ciel, le soleil la mer, le sable chaud…manque un verre d'alcool et je dis : Yali !
Mais pas sûr hein, pas sûr du tout.

Beau texte mais je ne comprends pas où, à quel moment, le thème est traité ?
Les yeux fermés, ok, mais il sait qui est derrière puis devant.
Sinon, beau texte, rien à dire, mais... vas-y tais-toi, t'y comprends rien...
et puis, ça m'énerve ! je n'arrive pas à mettre un nom sur aucun des textes... c'est pas possib' !!!

Sûrement pas du Yali !
J'hésite entre Marine, Phoena et ... quelqu'un d'autre... !:-0

Je vous ai sauvé la mort... Et la petite mort, non ?
Pour moi il y a un paradoxe majeur dès le début du texte : comment voulez-vous qu'on lise en fermant les yeux ? à l'oral, avec la voix de Pierre Arditi, Jean Reno ou Fanny Ardant, ce doit être bien agréable, mais à lire c'est pas folichon. Certes on est bien conduit, et malgré la phrase de fin surprenante la destination est tout de même agréable, mais vrai qu'à lire avec les yeux qui sont bien mieux fermés, ça colle pas.

oui mais ce Vous est-il une adresse au lecteur ?

ou bien à l'être insaisissable ?

agréable lecture

Ce paysage marin, ce silence et cette solitude, avec la perception d'une présence.
Ce texte me parle beaucoup. Il m'émeut.
Je ne me hasarderai pas à avancer le nom de son auteur. J'ai une sorte d'intuition, mais je ne voudrais pas me tromper.

Aseptans ?

Comme je suis contente d'avoir deviné !
Mais en même temps, hein... merci ! Ton texte m'a fait presque pleurer. C'est l'effet mer, la solitude "face à la mer", la perception d'une présence...

On ne peut pas penser à tous les véliens, et comme il n'y avait pas de liste des participants, je n'ai pas eu l'idée de t'attribuer ce beau texte, je le regrette !

Tant pis si je squatte ce fil. Je voudrais expliquer pourquoi j'ai pensé à Aseptans. Ce n'est ni à cause de la mer, ni à cause de la plage, thèmes qu'il aborde assez peu souvent. C'est pour cette phrase :
en attendant ce baiser qui saura venir, puisque vous l’attendez.
Logique toute aseptienne :-)
Et puis une constante dans presque tous ses écrits : la présence d'une femme ni tout à fait connue, ni tout à fait étrangère, rencontrée ou perçue ou rêvée, et qui fait vagabonder l'esprit. Voilà. J'en ai fini.

Moi je connaissais pas Aseptan mais ça me donne envie d'aller voir.

un pan doux et paisible de ton écriture, différent mais peut être pas tant que ça puisqu'Iris à su te reconnaître.
j'aime bien cette ambiance de respiration profonde
maintenant je sais que c'est toi, mais je ne te l'aurais pas attribué c'est vrai.
je pense que je n'ai pas commenté à cause de la sensation bizarre que m'a laissé la dernière phrase
(du coup je n'ai pas compris).
justement après toute cette amplitude flux/reflux et doute/abandon
le mot "mort" resserre d'un coup le tout et...
est-ce une faute où est-ce volontaire?

igloo a écrit:un pan doux et paisible de ton écriture, différent mais peut être pas tant que ça puisqu'Iris à su te reconnaître.
j'aime bien cette ambiance de respiration profonde
maintenant je sais que c'est toi, mais je ne te l'aurais pas attribué c'est vrai.
je pense que je n'ai pas commenté à cause de la sensation bizarre que m'a laissé la dernière phrase
(du coup je n'ai pas compris).
justement après toute cette amplitude flux/reflux et doute/abandon
le mot "mort" resserre d'un coup le tout et...
est-ce une faute où est-ce volontaire?

Deux possibilités (presque comme Prévert dans "déjeuner du matin"):

- Une femme avec un homme.
- Deux femmes. ( Pour ceux qui n'ont pas assez d'imagination pour chercher un "mystère" dans ce qui n'est qu'une évocation picturale, un tableau en mouvement qui ne reste qu'un exercice de style.)

Dans un exercice de style, rien ne saurait être "involontaire", sinon le plaisir de faire un "bon mot" :-)
Je peux écrire en faisant des "fautes", plus rarement en faisant une faute.
Ce n'est pas la prétention ou la vanité : ou ça passe ou ça ne passe pas, et là pas question de "faute".

Merci pour vos lectures et commentaires.

C'est marrant (même si en fait ce n'est pas très drôle), je me relis ce soir. Etrangement sévère que j'ai été. J'ai bingo pour l'homme, pas bingo pour l'âge. A le relire aujourd'hui le texte me parait plus doux. Je me demande ce qui m'a dérangé. Ça commençait si bien, par une belle réminiscence de Guillevic:

Recette

Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.

Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.

Mettez au-dessus d'eux
Un ciel bleu, lavé
Par des nuages blancs.

Laissez-les faire.
Regardez-les.

Guillevic

Et puis aujourd'hui la phrase finale, curieuse, me plaît beaucoup bien ("Elle dit : « je vous ai sauvé la mort ».). Curiosus, curiossisimus. Pourquoi pas "de" la mort? Je réfléchis à n'en plus finir. Pourtant ce n'est peut-être qu'un lapsus clavari... En tout cas la phrase est belle bien. C'est peut-être pour ça qu'elle n'a pas été corrigée. La beauté est souvent une erreur*...



* (c)

Ce que je trouve remarquable dans ce texte c'est la dualité entre la fixité et le mouvement, entre la mort et la vie ... (? )tellement bien induite par l'utilisation dans la première partie des termes comme horizon, stylisé, bande, statue, séparation, raidit, axe et puis dans la seconde enlace, danse, abandon. Je ne sais pas si c'était volontaire mais ça fonctione !