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cérémonies

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Polixène
Raoulraoul
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Message  seyne Lun 30 Juin 2014 - 11:49

J’avais terminé les toilettes des femmes. Vidé les poubelles pleines de tampons et de kleenex, tachés de tout ce qu’elles se mettent sur la figure. Je laissais les lieux à peu près nickel, si on exceptait les éclats de l'émail des sièges, et les fissures du carrelage. L’odeur puissante de désinfectant fleuri avait pris le pas sur les odeurs humaines et je passais aux toilettes des hommes.
Là, c’était à chaque fois insupportable, malgré les années consacrées à cette noble tâche.
Bien sûr, si le gérant de la station avait payé quelqu'un dans la journée pour veiller à la propreté des lieux, il n’y aurait pas eu cette puanteur de chaque soir, cette nausée qui montait dès la porte. Odeur d’entrailles étrangères, d’ammoniac. Ne manquait jamais le crétin qui a bourré la cuvette de papier et l’a bouchée. Ni les poils ni les cheveux ni les crachats, ni la poudre grise du rasoir secoué sur le lavabo.
Je me demandais si c’était plutôt inné ou acquis chez eux cette tendance à laisser les traces de leurs résidus corporels, tout comme ils laissaient des traces de leurs obsessions et de leur vulgarité grasse, sous formes de dessins et de graffiti, de grattage sur les portes. Ce n’était pas une simple négligence, une simple exhibition rigolarde. C’était forcément une façon d’étaler quelque chose de sale et de sauvage, que la bienséance interdit, dans ces endroits à la fois publics et retirés, anonymes. "je vous emmerde" clamaient les chiottes des hommes, dès la porte, et le "vous", à 20h30, c’était toujours moi.

C’est ce qui provoquait la nausée, pas la merde elle-même, que j’avais nettoyée sans souci au derrière des pauvres gens, dans les hôpitaux, quand j’étais infirmière, dans une vie antérieure.. Les vieillards tremblants d’alors, si misérables et dépendants, ne percevaient qu’à peine ces fonctions de leurs corps flasques ; tout sortait d’eux sans contrôle ni dessein.

Pas que les femmes soient meilleures que les hommes, mais la bienséance ne les lâche pas, même là. Elles ont une espèce d’horreur de l’intérieur de leur corps, ses tuyaux, ses productions, il faut cacher ça, laver, évacuer tout miasme, toute sécrétion, que ça disparaisse vite, comme si ça n’avait pas existé…..et puis la honte de ce que penserait la suivante.
Je portais les seaux dans les grands placards, rinçais les serpillières et les éponges, retirais les longs gants de caoutchouc roses ou bleus, parfois percés à l’extrémité d’un doigt. Mes doigts étaient de toute façon moites, blancs et puants.
Et je devenais toute entière moite blanche et puante, tout le temps. Une femme entre deux âges qui commence à s’empâter, avec cet accent sud-américain qui devait donner l’impression que j’étais débile. Pourtant je comprenais bien - et tout - y compris ce que disaient de moi à voix presque basse le patron et la petite caissière teigneuse, qui s’énervait sur ses ongles grenat derrière les chewing-gums et les piles électriques.

Plus de mari, pas d’enfants, pas de famille. Peu de compatriotes à Romorantin.....pas du tout serait plus exact, à ce que j’en savais. Je n’avais pas beaucoup cherché, à vrai dire. Mais j’avais un deux pièces HLM dans une petite cité pas trop laide, les 30 heures de ménage hebdomadaires et les toilettes de la station en prime, pour vivre. J’avais ma mobylette.
Sur la nationale le soir en hiver noir et pluvieux, au retour, les phares des grands poids lourds en face me faisaient les yeux doux….Juste un petit coup de guidon et finis les longs gants de cérémonie excrémentielle, finies les vieilles maniaques qui croient qu’on les a volées quand elles perdent leur très fine alliance en se lavant les mains ou le reste. Finis le printemps l’été l’automne et l’hiver surtout, finie l’Europe nourricière et aigre comme une rombière qui vous donne ses vieilles jupes, finie la nausée.

--------------------------------------------

Quand il est entré la première fois dans les toilettes, un samedi soir, je venais d’arriver. Normalement la station était fermée, c’était un peu bizarre que le patron l’ait laissé entrer. Mais c’était peut-être un copain pris d’un besoin pressant….l’autre était en train de faire sa caisse sans s’occuper du reste.
En le voyant entrer (cette semaine-là j’avais décidé de commencer par celles des hommes, histoire de changer pour voir si c’était pire ou mieux), je suis allée vers la porte : mon contrat ne prévoit pas la contemplation de ces messieurs en action.
Mais il m’a interpellée et j’ai bien dû me retourner. Il était petit, trapu et laid, pas gras mais tassé, compact. Il avait un visage large et deux yeux à la fois luisants et limpides, deux petits ronds noirs perçants dans des iris couleur caramel. Il avait aussi un sourire drôle, pas symétrique.
"C’est bien vous qui vous appelez Imma ?"
"Oui"
"Ca veut dire « immaculée », pas vrai ?"
"Oui"
"C’est un prénom prédestiné on dirait."
"On peut dire ça, si vous voulez."
Je ne sais pas pourquoi je retenais avec soin mon accent. Est-ce que j’avais envie d’avoir l’air intelligente ? Et comment connaissait- il mon prénom ?
"Imma, je voudrais vous inviter à manger demain à midi. Est-ce que ça vous dirait ?"
A manger à midi, c’était intrigant, j’ai dit oui.

Il m’avait donné rendez-vous dans un petit resto du centre ville, j’y suis arrivée avec ma mob, mon casque, tout juste si j’avais enlevé ma blouse.
Il était déjà là, assis dans un coin. On a mangé des choses simples mais plutôt bonnes. Je calculais qu’il y avait dix-huit ans que je n’avais pas mangé avec un homme au restaurant. Il n’était pas bavard, mais moi je me suis détendue peu à peu, et comme il posait des questions, je répondais.
Et je suis repartie au travail, et ça s’est reproduit deux fois encore, toujours à midi, toujours au même restaurant. Je sentais une sorte de vie renaître, en me traitant d’idiote ; il était de plus en plus curieux. Il n’essayait rien sinon de me faire raconter mon passé. Et je racontais, les yeux dans mon verre ou dans les siens, indéchiffrables. Je racontais les faits, les uns après les autres, froidement, comme on se laisse couler.

Et puis il m’a invitée un soir.
"Nous y voilà" me suis-je dit, sans arriver à savoir l’effet que ça me faisait.
Même resto, même table, moi exténuée en arrivant, lugubre comme la mort et pourtant là.
Il avait apporté un grand papier plié.
"Regarde Imma" a-t-il dit en l’étalant sur la table, "voilà l’endroit d’où je viens."
C’était une carte de mon pays.

L’endroit qu’il montrait était dans la montagne, un endroit que je n’avais jamais vu. Je ne comprenais pas ce qu’il était allé faire là-bas, un français. J’ai attendu qu’il s’explique.
"Tu as beaucoup souffert, Imma, beaucoup perdu. Toutes ces années de peur, la mort de tes proches, ton pays. Et maintenant la merde des autres. J’ai quelque chose à te proposer.
Là-bas, j’ai un petit hôpital, très moderne, dans un endroit agréable, bien protégé, en altitude, bon climat. De la chirurgie seulement, de très bon chirurgiens occidentaux. Tout le matériel. J’ai besoin d’une infirmière-chef qui parle espagnol, qui dirige l’équipe d’aide-soignants. Il n’y en a pas beaucoup, ce n’est pas nécessaire. J’ai pensé que ça pourrait t’intéresser. C’est très bien payé. Tu bosses seulement 6 mois, après tu vas où tu veux avec tout cet argent, tu reviens six mois plus tard. L’hôpital ne fonctionne que 6 mois par an."
"Où vont les malades les 6 autres mois ? "
"Nulle part, il n’y a plus de malades."
"Tout le monde est guéri tous les six mois ?"
"On peut dire ça", a-t-il répondu avec un sourire aux dents si blanches que j’ai cessé de poser des questions.

Il y a eu plusieurs autres repas semblables à celui-là. Et il a fallu beaucoup de temps pour que je comprenne de quoi il retournait. Il était souvent évasif. Peu à peu, la nature des soins m’est apparue.
Il fallait penser aux milliers de gens qui attendent des greffes, dans le monde entier. A la difficulté de trouver des donneurs, toutes ces vies qui se consument dans l’attente, tous ces gens qui s’éteignent peu à peu, jeunes, enfants, braves gens. Et aux difficultés : donneurs qui meurent loin de tout lieu de prélèvement et de transport, ou qui sont si rares.
L’hôpital était équipé dernier cri : plusieurs salles de prélèvement, une piste d’hélicos, tout un circuit bien rodé. Il avait rencontré les chefs de bandes qui jouaient aux guérilleros dans les montagnes, et ceux-ci avaient fini par accepter de collaborer. Quand ils descendaient quelqu’un, ils le faisaient pas trop loin de l’hôpital et ils prévenaient.
Et puis d’ailleurs maintenant ils avaient trouvé plus commode de faire ça derrière le grand mur qui l’entourait. Les exécutions sommaires, les occasions ne manquaient pas : traîtres, paysans chapardeurs, voyous. Ils essayaient de rétablir l’ordre dans la région. Et puis ils étaient toujours en lutte contre des bandes rivales. Pas mal d' hommes robustes, bien entraînés, bien nourris. D’excellents donneurs. Ils mourraient de toute façon, et quel gâchis humain.

J’avais dans l’esprit la façon dont Paco était mort lui aussi, si jeune encore, égorgé dans une rue par un toxico pour son portefeuille. Le sourire de ce gamin quand il avait été interrogé devant moi, reptilien..... ses yeux noirs voilés de défi : il se savait protégé. Et ce sourire s’était superposé dans ma mémoire à celui de Paco, figé, raidi par la mort. Comment la suite des évènements m’avait forcée à fuir.
Il y avait maintenant cet autre sourire devant moi tandis que je pensais aussi à mon village, à ma mère et ma vieille tante Anna, seules dans leur minuscule maison, au chien pelé qu’elles avaient recueilli pour les prévenir du danger la nuit, il y avait si longtemps.
Il n’y avait plus rien dans mon cœur que pour elles, et une froideur sans limite pour le reste du genre humain. J’ai regardé les yeux de cet homme devant moi, j’ai cru y voir flotter quelque chose qui ressemblait à ceux du gamin, pourtant le sourire était large, tranquille. J’ai dit oui.
"Tu es une femme remarquable, Imma, je suis content de t’avoir rencontrée. Quelquefois tu sais, ils ne sont pas complètement morts en arrivant. C’est mieux d’ailleurs pour la greffe. Il faut les aider un peu, mettre fin à cette souffrance. Tu sauras faire ça, j’en suis sûr, tu n’es pas une idiote, tu es une femme qui sait agir au mieux."
"Oui, ça doit être facile."

-----------------------------------------


Aujourd’hui est le dernier jour des six mois. De ma deuxième période de six mois. C’est le début de la saison des pluies, brutal cette année. Je suis à l’arrière du bâtiment, sous l’avancée du toit, je fume, regarde la pluie qui hache les arbres, dans la lumière basse. L’entrée du bloc est à ma gauche.
Sur les gravillons se dilue lentement la longue traînée de sang qui a coulé de la bâche luisante de pluie qu’ils viennent de transporter, depuis la petite porte dans le mur de derrière. La bâche semblait moins lourdement chargée que d’habitude, pas de pieds qui dépasse, pas de gémissements.
En arrivant dans le bloc ils l’ont posée sur le carrelage, elle s’est ouverte.
Il devait avoir moins de dix ans, glissant tout mouillé sur le sol, en short sale, avec ses yeux fixes, ouverts, sa peau jaune et les mèches noires collées qui lui couvraient la moitié du visage.
"Celui-là c'est un accident, et tu n'as rien à faire", a dit le chef, les yeux braqués sur moi. Je le regardais aussi, avec ses petits yeux gris couleur de plomb, où on devinait encore un reste de sentimentalisme macho.
Il avait bien tort. J’aime maintenant ces gestes pleins d’un pouvoir occulte, clinique : l’aiguille qui pénètre si facilement, le petit piston de plastique blanc qu’on enfonce, la respiration qui s’arrête après deux ou trois derniers mouvements.

Je viens de voir passer les précieuses boîtes en plastique réfrigérées, vite vite il ne faut pas perdre de temps. L’hélico halète dans la demi-obscurité, derrière les arbres.
Sur la table du bloc maintenant désert, je sais qu’il est allongé, deux grands trous ovales à la place des yeux. Je n’ai aucune envie d’aller voir. Je sais déjà qu’il y en aura d’autres.
Je me demande ce qu'ils font des corps après.

Demain je serai chez moi, dans la grande et belle maison que j’ai fait construire au bout du village, avec ma mère et ma tante. Elles m’attendent. Le jeune gardien que j’ai engagé m'attend aussi.

Vivre, c’est l’essentiel, non ?
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Message  Raoulraoul Lun 30 Juin 2014 - 15:20

Histoire de tripes saisissante. Toutefois il me semble que l'évocation de Paco et brusquement amenée... De quelles greffes s'agit-il ? Qui sont ces exterminateurs ?
Je n'ai pas compris. Bien sûr tu veux suggérer... mais.
La première partie est forte sur la condition humaine. Pour la suite, il faudrait quelques éclaircissements, les ellipses sont énigmatiques. Faut-il faire court ? Pas trop pour ne pas perdre la force et la raison de ce récit puissant. Pour la phraséologie ; pas mal, rythme, images... Donc, ce serait la structure et quelques précisions au bon moment. Merci merci.
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Message  seyne Lun 30 Juin 2014 - 15:34

Pour faciliter la lecture (et je tiendrai compte dans mes corrections de ce que tu me dis) : il s'agit d'une variation sur le thème de Faust..... et du trafic d'organes.
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Message  Polixène Lun 30 Juin 2014 - 22:17

Pour moi c'était clair le trafic d'organes, et pour Pablo, c'est vrai que peut-être "mon" Pablo donnerait un petit coup de pouce. Si cela était était véritablement nécessaire.
J'ose espérer qu'une suite fermente quelque part...

J'ai eu des images d'Hugo Pratt en te lisant.
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Message  jfmoods Mer 2 Juil 2014 - 11:08

Tiens ! Un texte pour le cafard hérétique... ;-)
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Message  seyne Jeu 3 Juil 2014 - 18:14

merci à tous.

à Polixene, je vois que comme moi tu es une adepte de la rédemption....mais y a-t-on encore accès quand on a vendu son âme au diable ? Et surtout comment ? C'est une question stimulante, qui effectivement pourrait faire un livre, alors que j'avais imaginé en rester là sardoniquement.
à jfmoods, je crois que j'ai trop aimé les polars, le reste me semble vite fade, en tout cas dans la mesure de mes capacités :-)
à Raoulraoul : j'ai eu envie d'un choc entre les tripes et le sacré, serait-il démoniaque. D'où le titre.
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Message  jfmoods Jeu 3 Juil 2014 - 18:59

Je réalise que ce n'est pas sans raison que j'ai fait allusion au cafard hérétique et, partant, à "Métal métaux"  (http://www.vosecrits.com/t14296-metal-metaux). Il existe, entre ces textes, deux lignes de force. D'abord dans le rapport particulier au corps, extérieur par l'image de la musculature d'un côté, intérieur par les sécrétions et les organes de l'autre. Ensuite, par les circonstances du basculement du personnage vers le côté sombre.  
Pour en revenir à ce dernier texte, j'ai trouvé particulièrement juste ce rapport aux sécrétions du pôle masculin. Façon de marquer son territoire, de tirer sur le terrain du trivial la phrase de Descartes : "Je p... isse, donc je suis."

Merci pour ce partage !
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Message  seyne Jeu 3 Juil 2014 - 20:37

C'est aussi sacré, la force de transgression masculine (dont les femmes parfois s'emparent).
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Message  Jano Dim 6 Juil 2014 - 20:12

Vous auriez pu faire quelque chose de bien mais à mon avis c'est beaucoup trop court et disparate. Un thème aussi fort ne peut souffrir d'être brossé en quelques lignes. Vous abusez de raccourcis et de facilités scénaristiques (l'acceptation étonnante d'Emma à la proposition de son compatriote, son travail de prélèvement à peine esquissé, la conclusion baclée) qui empêchent l'instauration d'une ambiance lourde et pesante qu'aurait mérité ce sujet.

Disparate dans le sens où vous décrivez longuement les toilettes des hommes, leurs rapports dégoûtants à ces lieux intimes, qui franchement n'apportent rien à l'histoire ! Plutôt que la description détaillée des chiottes masculins - on a compris qu'Emma avait un métier dégueu - j'aurais aimé lire les conditions morbides de l'hôpital de campagne. Le prélèvement clandestin d'organes, autrement plus émouvant, est au bout du compte peu exploité.
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Message  Gyver Lun 7 Juil 2014 - 13:14

Embarquement immédiat, une lecture promenade, une chute bien trouvée.
Mais une question, dans la 1ère partie, tous les hommes sont ils ainsi ??? ^^

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Message  seyne Mar 8 Juil 2014 - 17:29

non, ils ne sont pas tous comme ça, il y en a des propres

Jano, je crois que le problème avec les textes en prose c'est qu'ils évoquent le roman, donnent des envies de roman. Or à mon sens, c'est de tout autre chose qu'il s'agit. Ils doivent porter un sens assez fort et assez caché.
Ce qui m'intéressait là, c'est l'idée de vendre son âme au diable....les ressorts, la symbolique.

Cette femme, sa vie de femme a été tranchée net, et elle survit dans une impasse complète, du fait de sa situation mais surtout du fait de sa haine. La longue description des toilettes c'est de ça que ça parle. Son travail est une sorte de fonction complètement dévaluée du féminin. Avec le suicide comme alternative.

Le diable arrive, et il va souiller l'immaculée, lui proposer l'inversion (c'est le propre du diable) du féminin, de la soignante qu'elle est. Au lieu de donner la vie elle va l'enlever, elle va se prêter à un commerce de corps humains, tout cela sur fond de violence masculine pervertie. Je n'avais aucune envie d'en rajouter dans le saignant.
En échange elle pourra reprendre sa vie de femme, mais une vie marquée par le cynisme, avec un jeune homme qu'elle paie.

Comme elle est intelligente, l'argumentaire "bienfaisant" du diable prend une dimension de dérision, elle n'en est pas dupe.
Il y a aussi dans l'image diabolique quelque chose que je voulais exprimer autour d'un certain commerce mondial, à la fois "décomplexé", hypocrite, meurtrier, et basé sur les inégalités.
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Message  seyne Mar 8 Juil 2014 - 17:30

j'avais mis un smiley derrière "propres", le voilà :-)
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Message  Sahkti Ven 12 Sep 2014 - 6:38

Je suis assez partagée. La première partie du récit décrit cliniquement ces crasses et autres saletés qu'elle doit nettoyer à longueur de soirée. Tout cela est restitué de manière implacable, faisant naître des impression mêlées de dégoût et d'attirance. Sur ce point, cela me paraît bien maîtrisé.
Arrive ensuite cet homme, tu continues sur ta lancée, entretenant une part de mystère teintée de peur, le lecteur attend et redoute. C'est bien.
Après, ça se gâte un peu. L'histoire du trafic d'organes, pourquoi pas mais celle-ci me paraît cousue de fil blanc et la belle maison construite dans le village, évoquée à la fin, n'arrange rien. Cela me paraît trop facile, presque une pirouette à la fin d'un film qu'on doit terminer parce que la durée est atteinte. Autant je suis séduite par les premières parties, autant le dernier tiers me laisse sur le carreau et atténue les bonnes impressions du départ, dommage.



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