Ellipse

Jouer à nouveau la porte ouverte
S'étendre sur la carrelage
S’envoler deux-trois fois et puis
Rire aux éclats

Voilà ce à quoi j'aspire
Je pense aux billes, aux yeux mouillés des Agathes
Je pense à ces filles fières comme la pluie
Aux marronniers, à l'odeur de la fiente
A mes croûtes aux genoux
Au fait que je buvais toujours après avoir pissé
Car je croyais qu'en pissant
On perdait une partie de soi-même

Mais à présent je me perds en buvant
Et les choses ont changé
J'ai du bide
Je n'arrive plus à pleurer sans honte
Je m'habille de femmes nues
Au fond, la seule chose qui me manque
C'est de croire
Oui
Je veux croire que je suis grand
Je veux être un un enfant
Ouvrant la porte avec un parapluie

une suite de mots
une suite d'images
une suite de situations

une suite de bons mots
une suite de jolies images
une suite de cocasses situations

et le tout ?


amitié,
(nb: je préfère toutefois le désordre de votre poème à une ennuyeuse récitation)


détails:
la carrelage (je crois que c'est une faute de copiste ?)

la fierté des femmes comme la pluie ...
je suis pas sur du sens de cette phrase ...la peau des femmes, si fière, sous la pluie ???...

c'est pas mal ça Yoni Wolf (je ne sais pas pourquoi mais j'aurais mis "en" femme nue & agate sans h)


encore du réel et pas chiqué

Ne pas gratter les croûtes sur tes genoux, il faut les lécher pour les ramollir, leur goût est surprenant !
Beaucoup, beaucoup aimé ce texte.

Je l'ai lu comme si quelqu'un me racontait sa vie, et c'est vachement agréable, et ça rappelle quelque souvenirs =). Un plaisir.

Merci à vous, je ne sais pas où est vraiment le sens, c'est juste un ressenti, un moment vachement agréable et amer à la fois ; comme une ébauche de truc, je sais pas, je me sens bien.

La nouvelle version:


Jouer à nouveau la porte ouverte
S'étendre sur la carrelage
S’envoler deux-trois fois et puis
Rire aux éclats

Voilà ce à quoi j'aspire
Je pense aux billes, aux yeux mouillés des Agathes
Je pense à ces filles fières comme la pluie
Aux marronniers, à l'odeur de la fiente
A mes croûtes aux genoux
Au fait que je buvais toujours après avoir pissé
Car je croyais qu'en pissant
On perdait une partie de soi-même

Et à présent je me perds en buvant
Et les choses ont changé
J'ai du bide
Je n'arrive plus à pleurer sans honte
Je m'habille de femmes nues
Au fond, la seule chose qui me manque
C'est de croire
Oui
Je veux croire que je suis grand
Je veux apprendre à murmurer
Je veux être un un enfant nu
Ouvrant la porte avec un parapluie

Ah! Ce Yoni!
Il prend juste le mot qu'il faut..Le plus fort en sensation.
Moi j'adore.

C'est, comment dire ? Raw, à vif. Loin des certitudes que confère l'âge, ce poème est un touchant aveu d'impuissance :

"Je m'habille de femmes nues
Au fond, la seule chose qui me manque
C'est de croire
Oui
Je veux croire que je suis grand"

Yoni Wolf a écrit:Merci à vous, je ne sais pas où est vraiment le sens, c'est juste un ressenti, un moment vachement agréable et amer à la fois ; comme une ébauche de truc, je sais pas, je me sens bien.

Bonjour
Moi non plus, je veux dire moi non plus "je ne sais pas où est vraiment le sens", et sans un minimum (de sens) votre ressenti ne passe pas très bien!
Une belle image cependant, au milieu de la fiente et de l'urine:"Je pense aux billes, aux yeux mouillés des Agathes" Malheureusement c'est la seule. Vous vous habillez de femmes nues, outre que cela est une tenue légère, je me demande ce qu'en pense les femmes! Pas celles des posters, non, les vraies, celles qui donnent le jours et habillent nos rêves. Un peu sexiste, ne trouvez-vous pas? Je me demande aussi ce qu'un enfant nu peu bien faire d'un parapluie, à part ouvrir vos portes, et puis entre nous, il faut savoir ce que vous voulez:" Je veux croire que je suis grand" deux vers plus bas "Je veux être un un enfant nu"
Mais moi aussi, je pense comme vous, c'est vraiment "une ébauche de truc", une écriture automatique qui régalerait un psy.
Ceci dit, ravi d'apprendre que vous vous sentez bien.

Amicalement perplexe, Philippe

PS: Croisic a raison pour les croutes!!!

J'ai directement lu la deuxième version.
Un poème que je trouve fort sensible, très attendrissant car sincère. J'ai beaucoup aimé mais en même temps, j'aurais du mal à expliquer pourquoi. Peut-être est-ce mon impression que cette poésie libérée est plus dominée dans son rythme que la plupart des textes dans cette catégorie ? Peut-être la force de ces images, qu'on ose vaguement insérer dans un poème d'ordinaire ("j'ai du bide") et le contraste qui naît de la fusion des différents niveaux de langue ?
Au lieu de gloser dans le vent, je reviendrai plus tard, si je trouve quoi dire.

J'interviens brièvement, surtout par rapport aux « Agathes » dont qn avait soulevé une faute d'orthographe. En fait, il était pour moi le seul passage qui m'a intéressé / plu (aussi le dernier vers plutôt bien pour conclure), et c'était pour le double, voire triple ?? emploi. J'ai aussi une affection particulière pour le mot « agate » ou « Agathe », il est de ces mots que j'aime lire / entendre / parce ses sonorités et sa charge emmènent, et que j'ai déjà employé pour des billes, mais elles étaient « étoiles », et là « femmes » et peut-être aussi associées « yeux et rondeurs des yeux », bref du double ou triple niveau / degré + interprétation de lecture, cela me plait et m'intéresse, et j'ai trouvé cela bien vu, bien formulé, bien tombé dans le texte. Dommage vraiment que l'ensemble ne soit pas de cette qualité (pour moi) et cède trop souvent à la facilité.

Arnaud.

"Une ébauche de truc" qui a le parfum de la sincérité, c'est déjà beaucoup mais est-ce suffisant pour me toucher vraiment ? J'aurais aimé, je crois, que tu grattes un peu sous la croûte.

"Vous vous habillez de femmes nues, outre que cela est une tenue légère, je me demande ce qu'en pense les femmes! Pas celles des posters, non, les vraies, celles qui donnent le jours et habillent nos rêves."

Tu as raison, je suis un gros porc sexiste... je n'éprouve aucun sentiment envers les meufs. Et c'est aussi vrai que je ne les approche qu'en posters, les femmes, dans le bureau de tabac, attendant la main dans la poche que les autres clients sortent pour que je puisse acheter mon porno l'air honteux.
Maintenant dire que les vraies femmes sont celles qui donnent le jour... C'est un peu réducteur, non?
Bref.
Je te commenterai un jour et on sera copains.

merci aux autres pour leurs commentaires, positifs ou négatifs, je pense en effet que ce texte n'est pas abouti. Mais il est important, pour moi. Il annonce autre chose.

j'aime beaucoup le début :

Jouer à nouveau la porte ouverte
S'étendre sur la carrelage

J'enlèverais (si je puis me permettre) "à nouveau", pour le rythme

Jouer la porte ouverte
s'étendre sur le carrelage

s'étendre/s'envoler, ça le fait pas trop

Mais il y a quelque chose, là dedans !