Triste nouvelle

Nous sommes quelques-uns ici à avoir connu, apprécié, aimé Pascale, qui a donné énormément de son temps à ce site, sous le pseudo Easter. J'ai le chagrin de vous faire part de son décès, le 15 décembre dernier, un accident de voiture. Je n'ai rien à dire d'autre, ce genre de nouvelle me prive de mots....

Je suis allée voir dans la liste des membres, pour lire quelque chose d'elle, mais je ne l'ai pas trouvée...

C'était, je pense, avant le "grand dérangement". J'ai plus souvenir de commentaires que de son écriture. Je me trompe peut-être, mais je me rappelle de quelqu'un de posé et bienveillant.

Easter n'écrivait pas (je me souviens seulement d'un ou deux exercices auquels elle avait participé, en revanche elle lisait presque tout et ses commentaires judicieux ont permis à nombre d'entre nous de progresser. Pour moi, elle était LA modératrice par excellence,impartiale, bienveillante, ouverte, sans complaisance... Rendre hommage à l'énorme travail qu'elle a, durant des années... Ceux qui l'ont mieux connue pleurent en plus une véritable amie.

C'est sûrement symptômatique : je n'arrive pas à fermer mes parenthèses...
Oui, 'toM, c'était avant "le grand dérangement"...

le ne l'ai pas connu
RIP

Merci Coline de nous faire part de cet évènement. Je n'ai pas eu la chance de la fréquenter, mais j'ai en mémoire sa présence chaleureuse, jamais superficielle.
Qu'elle en soit ici remerciée.

Pascale était une belle personne, vraiment.
Quelle tristesse...

Oui, c'est triste.
Je ne l'ai pas connue mais ses commentaires étaient bienveillants. Elle faisait preuve de tolérance, d'ouverture et en même temps d'une grande rigueur grammaticale si je me souviens bien.

Bonjour Pascale,

Depuis que je reçois des e-mails provenant du forum Vos écrits, je ne me suis jamais résolu à me désinscrire de la newsletter, je ne sais pour quel mystérieux motif !

Je ne la lisais pas forcément pour autant, mais il m’arrivait parfois d’effleurer du regard les quelques titres et premières lignes suggérés d’écrits en prose ou de poésie.

Dans la dernière en date, on me proposait à la fois Un nouvel avenir et une bien Triste nouvelle, fallait-il y voir une étroite corrélation ?

Que coline dé se métamorphose en un sombre et lugubre Hermès est sûrement la dernière chose à laquelle j’aurais pensé, et encore moins que tu sois la tragique héroïne de cette histoire dont la fin me laisse dans un état de déréliction sans nom.

Tu auras tout de même involontairement réussi le double exploit de me faire revenir sur VE nouvelle version ainsi que celui d’enfin t’écrire une lettre que tu attendais peut-être…

Tu te doutes sûrement déjà que ce retour est loin d’être éternel (pardonne-moi pour cette boutade, il y a des habitudes tenaces !).
En fait il s’agit plutôt d’un aller sans retour, une sorte de chant du cygne véélien en quelque sorte…

Je ne pense pas t’étonner si je t’annonce qu’il t’est dédié.

Tu sais, j’ai parfois songé à te donner de mes nouvelles, d’une manière ou d’une autre. J’avais même pensé t’envoyer un sonnet parmi tant d’autres, des petites choses imaginées dans un recoin de ce qui me sert d’esprit et pour lesquelles j’avais dû me passer de ton aide, tes conseils, ta bienveillance et j’en passe et des meilleures tant la liste est longue… mais coline dé a irréprochablement décrit ce que parmi toutes ces qualités tu étais au bout du compte, une véritable amie pour celles et ceux à qui tu accordais ta confiance.

Parlons-en de cette confiance et de tout ce que tu avais donné ou fait pour VE qui fut impitoyablement ébranlée par ce grand n’importe quoi sans nom.

À l’époque, nous avions évoqué tout cela, ce dégoût, ce sentiment de trahison, cette horrible nausée au goût amer, mais aujourd’hui, rien ne sert de remuer plus longuement le couteau dans la plaie, cela ne mérite même pas que j’y accorde encore un mot, fin de la parenthèse. Tu vois, ce n’est pas si complexe que ça en a l’air de les refermer chère coline…

Peu de temps après ces évènements, des bouleversements arrivèrent dans ma vie, des changements perturbants et inexplicables qu’à présent je comprends mieux et que j’ai fini par apprivoiser, même s’il m’aura fallu une éternité avant d’en arriver là ; cela ne m’effraie plus, j’ai appris qu’entre les hauts sommets de l’Himalaya l’abeille (c’était trop tentant !) et les eaux abyssales des océans, une terre riche et luxuriante offrait parfois sagesse et équilibre à qui voulait s’en saisir…

L’Everest me manque parfois, se serait mentir de ne pas te l’avouer, mais toute médaille a son revers, même l’harmonie n’échappe pas à cette règle, aussi rudimentaire soit-elle…

Quand j’évoque équilibre sagesse et harmonie j’entends par là une vie qui correspond à mes attentes, avec des hauts et des bas comme tout un chacun, ne va surtout pas t’imaginer que j’ai entrepris un voyage en Inde où, dans un quelconque ashram, j’aurais rencontré Skippy le grand guru avec lequel j’aurais étudié les upanishads, dansé comme un endiablé jusqu’à tomber en une transe mystique, appris tous les secrets de la méditation transcendantale et qu’après maints et maints exercices spirituels j’aurais enfin trouvé l’illumination, que nenni, faut pas pousser mémé dans les orties !

Tu étais je l’imagine et au vu de toutes nos conversations déjà au courant de ce que je suis en train de raconter, mais tu ne sais sûrement pas pourquoi j’avais coupé tout lien avec toi…

J’ai mis très longtemps à ne plus avoir honte de ce que j’étais, de ce que j’avais pu dire, faire, penser… le chemin fut on ne peut plus sinueux avant que j’accepte enfin cette double « bénédiction et malédiction » si étroitement liées.

Alors je peux te l’avouer aujourd’hui, je suis sincèrement désolé d’avoir été pendant tout ce temps plus silencieux que Bernado dans un épisode de celui qui signe son nom à la pointe de son épée d’un Z qui veut dire Zorro, tout comme je suis désolé d’avoir coupé les liens qui me rattachaient de près ou de loin à mon passé.

Sûrement inconsciemment ou consciemment j’y voyais là une forme d’expiation, un juste châtiment que je méritais pour avoir été bien malgré moi une autre personne que tu appréciais, que tu avais aimé comme on aime une personne de sa propre famille… Mais toutes mes explications ne pourront rien changer, la vie avance inexorablement et les retours sur le passé sont vains, tout juste servent-ils à un travail d’introspection à la limite…

J’ai bien songé par deux ou trois fois t’écrire une lettre, ou bien, pour reprendre ce que je te disais au début de ce billet et comme je voulais le faire ce dernier noël, t’envoyer un sonnet que j’avais écrit parmi d’autres, sans attendre quoi que ce soit de toi en retour, juste pour te dire que je pensais encore à nos instants et qu’il m’arrivait toujours parfois de faire sortir de mon cerveau quelques insaisissables mots s’enchevêtrant tel un amas de fils invisibles…

Mais après mûre réflexion, je me suis abstenu et la raison de ce renoncement est on ne peut plus simple. Je me disais qu’après ce mutisme prolongé, il aurait été néfaste pour ta « syntonie pastorale » de me manifester à nouveau, de faire irruption dans ta vie comme un chien dans un jeu de quilles !

Je t’imaginais calme, sereine, épanouie, posée, gracieuse et tant d’autres qualificatifs qui te correspondaient à merveille tant tu étais une belle personne.
Je ne voulais pas prendre le risque de venir déstabiliser
ce « triomphe de la vie », je n’en avais pas le droit, je ne voulais pas prendre le risque, je sais que tu comprendras, cela ne fait aucun doute, tu as invariablement toujours su saisir l’indicible…

À présent, c’est différent, la donne a changé.
Aussi, avant d’aller plus loin, ce sonnet que tu n’as jamais lu je te l’offre, son choix m’a paru être une évidence, une sorte d’écho, des réminiscences d’un lointain passé qui s’étiole… Il n’y a pas de titre, je n’en ai pas trouvé, je n’ai pas vraiment cherché pour ne pas te cacher la vérité !

Qu’êtes-vous devenu ? Je n’ai pas oublié
Nos rires et nos pleurs, et la mort salvatrice
Qu’ensemble avons souvent, béante cicatrice,
De détresse embrassée. Je ne me sens lié

Ni aux cieux ni aux dieux, pourtant j’ai supplié,
Plein d’espoir chaque nuit, qu’une âme élévatrice
M’emmène en cet asile où vit La Cantatrice
Qui murmure l’Amour aux cœurs fous à lier.

Mais éteints par le Styx, les désirs disparaissent,
Et devant Satan les possédés comparaissent.
Aussi veuillez m’absoudre, hier être venu

De vous me séparer. À l’ombrer du solaire,
Rouge et bleu sommeillait un dragon bipolaire,
Un jour ciel l’autre enfer. Êtes-vous revenu ?

Comment conclure cette bafouille que j’aurais aimé ne jamais devoir écrire.
Quand je dis « devoir » il va de soi que l’on ne m’a pas forcé la main, mais je m’imaginais mal ne pas te dire au revoir et non adieu, car comme l’a souligné feu Davis Servan-Schreiber, « On peut se dire au revoir plusieurs fois »…

Je pense bien entendu à P., A. et M. tes deux arlésiennes comme j’aimais les surnommer, je partage leur chagrin et leur envoie au travers de ces quelques lignes mes pensées les plus douces et réconfortantes, puisse une chaude brise d’hiver soufler sur leur âme mon amour et ma compassion.

Pour rendre hommage au célèbre oulipien, je me souviens que les bleus myosotis aux étamines et stigmates dorés s’écrivent forget-me-not en anglais.
Je ne t’oublie pas, je ne t’oublierai pas, je ne t’ai d’ailleurs jamais oubliée…

Voilà Pascale, je pense avoir tout dit, du moins ce que j’avais envie d’évoquer. J’aurais pu parler de notre rencontre avec P. en Auvergne, de notre séjour en Angleterre, de nos rencontres vééliennes ou des regrets que j’aie de n’avoir jamais pu participer aux fameuses villégiatures vééliennes…

Mais à quoi bon, cela serait superflu. Certains souvenirs doivent rester entre un vivant et une défunte afin que celui qui reste les conserve en sa mémoire comme un précieux trésor qu’il ne peut, qu’il ne veut partager…

J’ai toujours la revue nouvelliste n° 7 de « Les muses à tremplin », celle que tu m’avais envoyée avec en guise de dédicace de ta part un extrait du livre « Le premier amour » deVéronique Olmi. « J’aurais voulu être une bonne nouvelle. J’aurais voulu être une accalmie. Un grand repos. J’aurais voulu être une seconde, celle où l’on sent le bonheur, la joie dans l’harmonie. Et puis mourir. »

Cette seconde, tu l’auras été dans ma vie, mais tu n’es pas complètement morte à mes yeux.
Alors si dans tes nuits les plus sombres tu frémis, si tu recherches la lumière et le réconfort, viens en mon profond sommeil pour y chasser mes rêves, blottis-toi contre mon corps puis ne pense plus à tes peurs. Tendrement, je me retournerai et te prendrai dans mes bras, te dirai ne t’en fais pas, je suis là, tout va bien maintenant, tu peux mourir ici sans trembler et renaître demain au même endroit. Sois le phénix éternel de notre obscurité…

Au revoir, ma chère Pascale, au revoir, ma chère amie, au revoir, ma chère Easter…

« Je suis le printemps, la terre sacrée,
la graine infinie du mystère,
l’épine, le voile, le visage de la grâce,
l’image effrontée, le voleur de sommeil,
l’ambassadeur des rêves, le prince de la paix.
Je suis l’épée, la blessure, la souillure.
L’enfant de Caïn transfiguré, méprisé.
Je romps, je termine, je me retourne.
Encore une fois, je suis le sel, le rire amer.
Je suis le gaz dans un utérus de lumière, l’étoile du soir,
la boule de vue qui guide, qui fait couler les larmes du Christ
qui agonise et qui s’assèche, alors que ce soir, je m’élève. »

PS Je ne me souviens plus s’il est possible de modifier un message, alors pardon s’il reste quelques coquilles comme « une autre personne que tu appréciais, que tu avais aimé » il fallait lire que tu avais aimée bien entendu...

Triste nouvelle effectivement...

Je n'ai pas eu la chance de connaître Easter en personne mais je me souviens bien de sa participation ici, de tous les commentaires bienveillants qu'elle a pu mettre sur mes textes et sur ceux des autres.

J'ai regretté son départ du forum et je suis vraiment triste d'apprendre sa disparition.

Peter Pan, ton texte est vraiment beau, merci de le partager avec nous...

Triste nouvelle en effet (et on se demande comment peut-on mourir d'accident de voiture en France en 2021, ce fléau des années 70, faut croire malheureusement que oui).

Easter ne m'aimait guère (ne ne sais pourquoi) mais son pseudo rappelait Patti Smith, aussi je l'imaginais sous ses traits. Mais le (Island) accolé nous mettait sur la piste du Pacifique : un brouillage?.

Elle était une très bonne modératrice, peut-être cela la relaxait-elle de son boulot ? (hypothèse car je me demande comment peut-on passer autant d'heure à corriger -les comportements- sur un forum littéraire sans jamais y commettre un texte : un mystère pour moi).
Je n'ai jamais compris non plus pourquoi elle avait disparu après l'affaire Mentor/Yali.

Easter (Islnad) était visiblement anglophile.

Sinon Coline Dé, je me rappelle le temps (par exemple Septembre 2012*) où vous copiniez avec l'abominable homme de ce forum, le dit Mentor (tout un programme!) , à la fois participant, modérateur et semble-t- il avatar haineux de l'administrateur, vous en pensez quoi aujourd'hui ?

*
coline Dé a écrit (à Mentor) :
Tu vas aller commenter un poème de Marve !


mentor a écrit:
je me dégonfle pas, j'y vais

mais bon, c'est des poèmes qu'il écrit ?
j'avais pas remarqué...

teverino, ça sert à quoi de faire ça ? Surtout dans ce fil...
Merci de ne pas relancer la polémique; c'est inutile, voire indécent dans le cas présent.

Pffff je viens juste d'apprendre la nouvelle. Je lui avait envoyé un mail il y a 15 jours et pas de réponse... Après quelques recherches sur internet je comprends pourquoi.
Je partage ma tristesse ici, ça fait 10 ans que nous correspondions, par mail uniquement, tout les 3 mois je lui transmettais des textes à relire/corriger pour la revue Squeeze, nous nous étions rencontré sur ce forum.
Je me sens désemparé, une grande et généreuse personne. RIP Pascale.

Voilà, nous revenons, revenants parmi les revenants, l'écriture a le mérite de maintenir ici, en elle, serrés dans le corset noir du mot, les absents d'ailleurs à qui on laisse le choix du silence éloquent...

Désolé d'apprendre cette nouvelle aujourd'hui seulement (en circulant par ci par là).
J'ai eu l'honneur de la rencontrer lors d'une fiesta champêtre qui avait été donnée par Janis, à Aix en Provence en 2013. Beaucoup de photos ont été faites à cette occasion, malheureusement je n'en ai aucune car toutes étant sur un disque dur qui a rendu l'âme. Beau souvenir en tout cas.

Pascale reste en paix, dans la lumière...

Enorme tristesse que cette nouvelle qui m'arrive tard, tant je passe peu par ici ... Easter et moi avions partagé un exercice en duo, elle était tellement sympathique, bienveillante et humble. Je ne la connaissais que virtuellement mais on sentait que c'était une personne honnête et de confiance. Très triste de cette nouvelle.