Les questions

Voici, à titre de jeu, de version sur Le même sujet.De

 


Las questions

Pourquoi qu’y a quéque chose et pas rien du tout,
Disait mon paternel
qu'était pas trop con 
et qu’avait lu des trucs.
Et pourquoi que j’suis ici et pas là-bas ?
qu’il répétait le matin en se rasant
avec sa gueule de travers.
Mais mon papa, que je lui répondais,
tu te poses trop de questions,
Va bosser plutôt, t’as du taf à l’usine.
Tous les jours, il remettait ça
« Et pourquoi-ci, et pourquoi   ça »
Alors une fois qu’il se regardait
dans son vieux miroir fêlé ;
j’suis arrivé par derrière
et j’y ai foutu un coup d’marteau sur la caboche
pour y r’mettre les idées en place.
Comme ça au moins, tu sauras, papa !
Depuis, il en pose plus de question
il est dans  son fauteuil avec son crâne un peu  défoncé,
et il pleure.
Moi j’dis les questions, oui,
mais pas trop.



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Et maintenant  plus classique ou plutôt néoclassique :


Les questions

Je me souviens… mon père, enfant de l’aube grise,
Partant à son labeur, vers l’usine gloutonne
Sa vieille mobylette épuisée sous l’automne,
S’effrayant des questions dont sa tête était prise.

Sa jeunesse, il est vrai, de la philosophie
N'avait été nourrie, dédiée dès l’enfance
Aux durs travaux des champs, des moissons aux semences.
Mais il n’était pas sot. Élève de la vie,

Il s’étonnait du monde éclipsant le néant
De l’inégalité d’entre nains et géants,
Des laids et des moins laids, des pauvres et des riches.

Je répondais : papa, laisse aller l’univers
Et toutes ses questions. Pour nous autres, l’hiver
Est la seule réponse à nos destins en friche.

Étonnant, et même détonnant!
J'admire la maîtrise de la forme et surtout que le récit et la forme s'adaptent l'un à l'autre.

La question se pose, c'est certain,
incapable pour ma part d'adopter ce ton léger, j'ai écrit Énigme.

Merci,danie , pour ce clin d'œil.

Bien cordialement.

Où peut-on lire « Énigme » ?

« Énigme » est là

https://vosecrits.1fr1.net/t16032-enigme

Ce qui fait la poésie, ce n'est pas ce qu'on dit, mais la façon dont on le dit.
Ici tu nous en offres deux. Radicalement opposées sur la forme mais identiques en qualité.
Mine de rien tu fais un joli pied de nez aux extrêmistes des deux bords.
Sachant d'ailleurs qu'il y avait deux autres possibilités.
Des vers libres en langue soutenue et un sonnet classique en argot.

Excellent !

Pas mal du tout Hellian !
Le premier est très musical, du langage parlé qu'on fredonne avec un petit sourire.
Puis lui répond le second, avec efficacité et un classicisme élégant.
Bien joué ! Tu maîtrises parfaitement l'exercice.

Je n'avais pas lu ces deux poèmes et le savoureux contraste de leurs styles ! Mais quand même, je suis un peu déçue, je me demandais comment le sonnet traiterait le coup de marteau ;-)