Exo « Dialogue » : Avec Arthur Rimbaud

Rimbaud    Illuminations Enfance IV
                                      obi  Toucher les étoiles 
 
    Je suis le saint, en prière sur la terrasse, - comme les bêtes pacifiques paissent jusqu'à la mer de Palestine.
 
    Sous le ciel je ne suis plus un homme. Un jour – oh, si longtemps déjà, j'ai crié à deux genoux où l'on m'avait jeté : « Je ne prierai pas » et je n'ai pas prié.   
 
  Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.
   
   Assis en poussière je suis sous les crachats.Les vents de la pluie lessivent sur moi. J'ai oublié de vouloir lire. 
 
    Je suis le piéton de la grand'route par les bois nains ; la rumeur des écluses couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant.
 
  Je suis le rêvant des sentes près de l'eau qui court jusqu'au fleuve Océan.
   
 
Je serais bien l'enfant abandonné sur la jetée partie à la haute mer, le petit valet, suivant l'allée dont le front touche le ciel.
 
  Je ne toucherai jamais les soleils mais sur mon bras la chienne parfois pose sa tête. 
 
    Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L'air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin !
 
  A son front aimant comme seules savent les bêtes chaque nuit je grimpe, immobile géant, plus loin que les étoiles.   
 
  Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant.
 
  Qu'elle vienne la fin du monde ! Je reste là, les yeux ouverts.

Obi, tu trouves les mots justes et t'insères bien dans le style des illuminations
Naguère, elles ne m'avaient pas tellement séduit
Je préfère le Rimbaud classique
Mais tu me donnes l'envie de m'y replonger
Peut-être cette fois serai-je illuminé
En tout cas ton exo est réussi
Merci et bravo

Je suis sûre d'avoir commenté cet exo !

Obi, pardonne-moi, je  ne retrouve pas  ce que je t'en avais dit, sinon que j'ai trouvé ça particulièrement réussi. Pas  d'une utilité folle, ce comm ! ( mais le commentaire initial n'était sans doute pas beaucoup plus intelligent !)

Je n'ai pas très bien compris :
 
   j'ai crié à deux genoux où l'on m'avait jeté   

On a l'impression que tu cries un truc à tes genoux.

Sinon, l'ensemble est de toute beauté ; je retiens :
   
   Assis en poussière je suis sous les crachats. 
 
  Je suis le rêvant des sentes près de l'eau qui court jusqu'au fleuve Océan.
   
  Je ne toucherai jamais les soleils mais sur mon bras la chienne parfois pose sa tête.

Réussi.

Merci pour vos commentaires!
Précisions:
Rimbaud évoque un saint en prières. Je l'imagine à genoux. L'écho que je propose est celui d'un homme, humilié, que l'on a contraint à mettre un genou à terre, voire les deux, un homme à la merci des autres. Cet hommes met justement sa fierté à résister et donc à ne pas supplier(même s'il est physiquement très abaissé "jeté à deux genoux"
 
P.C.P. Ce n'est pas : *J'ai crié à mesgenoux. Quoique. Le gars a peut-être compris qu'il faut faire gaffe, avec l'arthrose, si on veut se relever!
Si tu préfères, on pourrait mettre :"J'ai crié à croupetons" ;-)))

Les Illuminations me parlent beaucoup, depuis longtemps et ainsi revisitées, je les trouve encore plus convaincantes. Tu as réussi à demeurer dans le ton, le rythme, tout en insufflant une tonalité particulière à cette supplique par des mots judicieusement choisis et des idées qui apportent un bel écho à cette complainte. J'aime beaucoup le résultat final qui me paraît vraiment réussi.

J'imagine le dialogue entre l'enfant et l'homme qu'il est devenu.

C'est dingue ! Condremon, je n'y avais pas prêté attention mais ça fonctionne et je me demande même si ce n'est pas cette idée(sous-jacente) qui a guidé mon écriture,presque à mon insu! Merci, je viens de comprendre!

En même temps, snif...je ne suis plus un enfant...

Ah ben de rien, le plaisir (de lire) est pour moi