Exo « Train » : Un voyage c'est fait pour ça !

Le trajet me parut court, si court !... Je pressens le terminus.
Je voudrais dire à ce train :
« Ralentis, laisse-moi profiter encore un peu du voyage, j'ai vu si peu de paysages.
Tu m'as permis de nombreuses rencontres, on ne voyage jamais seul, mais j'en espère toujours de plus belles. La fin proche de la course m'incite à me souvenir. Dans les vibrations, les chaos de ton allure trépidante apparaissent de beaux sourires, des larmes aussi, et des rires d'enfants. Des moments d'espoir insensé, d'autres de déception profonde. Bon gré, mal gré, on doit continuer.
On traverse des plaines riantes, ensoleillées, on se sent transporté, on file, on vole, on croit à la Liberté, puis viennent de sombres tunnels, tout disparaît. En aveugle dans ton habitacle j'ai dû rater quelques étapes. Mais je suis toujours là, enrichie d'un long périple parcouru trop rapidement.
Ralentis donc, je t'en supplie. Je n'ai pas fini d'explorer, voir, toucher, sentir, comprendre...
Un voyage c'est fait pour ça !

Un voyage en train, comme une vie traversée, avec ses joies et ses peines, et ses moments riches de découvertes et d'expériences que l'on voudrait prolonger.
Un texte court avec des phrases parfois courtes, ponctuées par des virgules, ce qui donne bien l'impression du mouvement, de la fuite du train dans l'espace et dans le temps.

Beau rapprochement entre la forme courte du texte et ce voyage qui paraît trop "court" au narrateur.

Le lecteur, quant à lui, peut le lire et relire à l'envi !

J'ai lu et relu ton texte, Embellie, avec une certaine angoisse, celle de la finitude que je connais trop bien. mais j'ai aimé ma lecture, même si j'en reviens un peu égratignée...

Ho que l'on ressent bien ce terminus que l'on voudrait ne pas voir arriver ! Le mouvement du train, les angoisses, les attentes et autres espoirs qui se construisent et/ou s'envolent sont bien palpables.
Par moments, peut-être un peu trop de JE à mon goût, j'aurais préféré une narration moins personnalisée mais c'est totalement subjectif et c'est sans doute parce que ce JE, on s'y identifie d'emblée et on n'a pas envie que ce train s'arrête, parce que c'est douloureux.

Le voyage en train, métaphore de la vie ?
A un détail près tout de même.
En train, on a généralement hâte d'arriver à destination.

Tout est dit en peu de phrases, dans ce voyage c'est la route qui compte, pas la destination ; et personne n'a envie d'atteindre le terminus. Peut-être que j'aurais aimé plus de route justement, moins sentir l'envie qu'elle ne s'arrête jamais ou dans longtemps. Il me semble qu'en allégorie de la vie, les parties sont déséquilibrées, mais je chipote.

On sent un grand appétit de la vie dans ces mots. Texte bien écrit qui dit beaucoup de la personnalité de son auteur.

Le texte est court pour dire un trajet court:bien vu. Le "je" dit: " ralentis" mais sa maîtrise du format, de la vie, nous fait comprendre que, si court qu'ait été le voyage, il en a tiré le meilleur et que son appétit, jamais démenti, ouvre encore tant de possibles...

Même si le propos est somme toute grave, il y a dans ce texte une fraîcheur et un amour réjouissants, apaisants.

On n'est pas pressé d'atteindre le terminus ! Une raison de plus pour profiter encore du paysage et des sensations qu'il nous offre. Une allégorie sans mystère dont j'ai apprécié la fraîcheur et la sincérité.

Bien, on est pas tout à fait dans le train-train quotidien là, mais dans ce que suscite le voyage à l'imaginaire.
Belle parabole.