La vie dans les plis
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La vie dans les plis
les plis, c'est à dire... souvent les instants se ramènent à un point sans dimension, impérieux comme une chambre, suspendu comme le souffle; si on n'ajouterait ni ne retrancherait rien, c'est que la perfection est l'envers des habitudes. il y a ici moins d'espace que dans ce sur quoi l'on n'a prise. j'ouvre les mains comme des volets où il entre une lumière claire qui passe les objets à son tamis, révélant leur absence de fonction.
ce n'est pas avec le langage qu'il faudrait les remplir. je me promène parmi les occasions; il fait beau (oui)
le jour s'ouvre sur lui-même et, on l'aurait cru, trébuche. le vent est agréable qui change de chemise pour ne passer au cou que sa doublure. il y a dans ce quartier un ensemble fini de hasards qui se répètent avec le soleil comme on inventerait au fur et à mesure du papier à musique. un jardin que couve une bordée d'immeubles, à distance respectueuse des arbres et du ciel, promène le linge de sa verdure entre les dents de la lumière, le sang obtenu dessinant les commissures de son pli. le vent entre ses paumes fait, comme des billes, rouler les prénoms des objets; si l'on marche au détour d'une rue, l'on voit son vêtement qui tombe, épaule dégrafée comme la mâchoire d'un balcon, suspendu pour imiter les politesses. les choses ont une étoffe semblable qui en est la saison, au fondement de tous les airs de famille. cette cohérence surprend par sa posture pareille à l'assurance de certains corps que ne questionne pas le regard, lui marchant à leurs pas ou à leurs tapis. pourtant, il suffit de s'asseoir quelque part pour, déjà, créer une marge où vient croitre une pensée qu'on voit s'approcher en vain de son objet, échouant à le toucher, mais lui communiquant pourtant cette intention, comme la peau rosit lorsqu'on lui mime une caresse.
la journée passe entre les doigts comme une eau trop agile. elle découvre par saccades sa chevelure, ou bien c'est tout mon corps qui cligne des yeux. je surprends les bribes de conversation d'une langue étrangère, qu'ont certes en partage les autos et les zéphyrs, glissant sur la glace d'un ciel trop peint. mais ce demeure, à y lever les yeux, un miroir plus changeant que les traits, soit plus vrai. je m'appuie à une rambarde qui baille dans un effort unanime. la matière hésite entre les différents états de son désert. les corps ne trahissent pas leur nécessité.
et l'ennui, l'ennui infiniment.
toutes les choses entières ont passé.
il y a tout un piano dans là-venir
dont personne ne veut jouer
ce n'est pas avec le langage qu'il faudrait les remplir. je me promène parmi les occasions; il fait beau (oui)
le jour s'ouvre sur lui-même et, on l'aurait cru, trébuche. le vent est agréable qui change de chemise pour ne passer au cou que sa doublure. il y a dans ce quartier un ensemble fini de hasards qui se répètent avec le soleil comme on inventerait au fur et à mesure du papier à musique. un jardin que couve une bordée d'immeubles, à distance respectueuse des arbres et du ciel, promène le linge de sa verdure entre les dents de la lumière, le sang obtenu dessinant les commissures de son pli. le vent entre ses paumes fait, comme des billes, rouler les prénoms des objets; si l'on marche au détour d'une rue, l'on voit son vêtement qui tombe, épaule dégrafée comme la mâchoire d'un balcon, suspendu pour imiter les politesses. les choses ont une étoffe semblable qui en est la saison, au fondement de tous les airs de famille. cette cohérence surprend par sa posture pareille à l'assurance de certains corps que ne questionne pas le regard, lui marchant à leurs pas ou à leurs tapis. pourtant, il suffit de s'asseoir quelque part pour, déjà, créer une marge où vient croitre une pensée qu'on voit s'approcher en vain de son objet, échouant à le toucher, mais lui communiquant pourtant cette intention, comme la peau rosit lorsqu'on lui mime une caresse.
la journée passe entre les doigts comme une eau trop agile. elle découvre par saccades sa chevelure, ou bien c'est tout mon corps qui cligne des yeux. je surprends les bribes de conversation d'une langue étrangère, qu'ont certes en partage les autos et les zéphyrs, glissant sur la glace d'un ciel trop peint. mais ce demeure, à y lever les yeux, un miroir plus changeant que les traits, soit plus vrai. je m'appuie à une rambarde qui baille dans un effort unanime. la matière hésite entre les différents états de son désert. les corps ne trahissent pas leur nécessité.
et l'ennui, l'ennui infiniment.
toutes les choses entières ont passé.
il y a tout un piano dans là-venir
dont personne ne veut jouer
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 32
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: La vie dans les plis
Beaucoup d'images m'enchantent, éparpillées, bien que l'ensemble me laisse surprise, hésitante.
Je reste irrésistiblement attirée par ce titre...
Pour l'idée: "pourtant, il suffit de s'asseoir quelque part pour, déjà, créer une marge où vient croitre une pensée qu'on voit s'approcher en vain de son objet, échouant à le toucher, mais lui communiquant pourtant cette intention, comme la peau rosit lorsqu'on lui mime une caresse."
"les choses ont une étoffe semblable qui en est la saison"
Pour l'image:"le vent entre ses paumes fait, comme des billes, rouler les prénoms des objets"
"un jardin que couve une bordée d'immeubles"
Pour la musique:
" où vient croitre une pensée qu'on voit s'approcher en vain de son objet, échouant à le toucher"
Une petite remarque: trop de "comme"... ça finit par faire procédé.
Plus je lis ce texte, plus j'apprécie cette vivante texture du vide
Je reste irrésistiblement attirée par ce titre...
Pour l'idée: "pourtant, il suffit de s'asseoir quelque part pour, déjà, créer une marge où vient croitre une pensée qu'on voit s'approcher en vain de son objet, échouant à le toucher, mais lui communiquant pourtant cette intention, comme la peau rosit lorsqu'on lui mime une caresse."
"les choses ont une étoffe semblable qui en est la saison"
Pour l'image:"le vent entre ses paumes fait, comme des billes, rouler les prénoms des objets"
"un jardin que couve une bordée d'immeubles"
Pour la musique:
" où vient croitre une pensée qu'on voit s'approcher en vain de son objet, échouant à le toucher"
Une petite remarque: trop de "comme"... ça finit par faire procédé.
Plus je lis ce texte, plus j'apprécie cette vivante texture du vide
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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