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Eden
alizarine Dim 6 Sep 2015 - 8:19
C’est d’un autre temps
que j’écris
d’un jardin de mots qui n’existe plus.
J’écris le bleu multiple de l’orage
le désordre où se fourvoient
les insectes que nous sommes.
Chaos des images soudaines
j’écris un ailleurs distrait
eau azurée des lessives anciennes
odeur du savon mou
trottoirs gras briqués à la semaine
raclement des balais en coco
promenades obligées du dimanche
et joies imposées...
Il est loin ce passé
pas si simple.
La nuit de bitume farde les murs
de graffitis de givre.
Il me revient en mémoire
le chant rauque des vieilles bouches
où le souffle manquait
ces vies aux mille crevasses
aux oripeaux de rêves
quand on avait peur
des larges ombres
peur du terne de la nudité
de l’usure.
Toutes les enfances sont fanées
toutes les marelles effacées
où il manquait le ciel.
alizarine- Nombre de messages : 104
Age : 80
Date d'inscription : 07/04/2014
Re: Eden
alizarine Dim 6 Sep 2015 - 8:22
J'ai oublié de préciser que ce texte date de plus de 10 ans...
alizarine- Nombre de messages : 104
Age : 80
Date d'inscription : 07/04/2014
Re: Eden
Arkol Sam 12 Sep 2015 - 7:22
Toutes les enfances sont fanées... Faut-il y croire ?
Il reste toujours des traces de notre passé, si éloigné soit-il !
Joli texte riche de souvenirs.
Il reste toujours des traces de notre passé, si éloigné soit-il !
Joli texte riche de souvenirs.
Arkol- Nombre de messages : 16
Age : 89
Date d'inscription : 12/09/2015
Re: Eden
alizarine Dim 13 Sep 2015 - 11:06
Arkol a écrit:Toutes les enfances sont fanées... Faut-il y croire ?
Il reste toujours des traces de notre passé, si éloigné soit-il !
Joli texte riche de souvenirs.
Tout d'abord, merci Arkol !
"Toutes les enfances sont fanées
toutes les marelles effacées
où il manquait le ciel."
Il fallait lire : là où il manquait le ciel, les enfances sont fanées et les marelles effacées... Ce n'est pas une généralité, juste quelques cas particuliers.
alizarine- Nombre de messages : 104
Age : 80
Date d'inscription : 07/04/2014
Re: Eden
jfmoods Sam 24 Oct 2015 - 18:37
Éden
Le présentatif de l'entame (« C'est... que.... qui ») met en exergue une perspective établie entre passé (imparfait : « manquait » x 2, « avait ») et présent, la métaphore méliorative (« jardin de mots »), qui fait écho au titre (« Éden »), marquant d'emblée la prééminence de l'avant. L'anaphore (« j'écris ») appuie sur la nécessité de rendre compte d'un état de fait. Le lexique associé implicitement au présent connote une perte des repères (noms communs : « orage », « désordre », « chaos », groupes nominaux : « bleu multiple », « images soudaines », verbe pronominal : « se fourvoient », constat avalisant la frénésie de la vie moderne : « les insectes que nous sommes »), tandis que celui lié au passé comble les sens (vue : « eau azurée des lessives anciennes », « trottoirs gras briqués à la semaine », odorat : « odeur du savon mou », ouïe : « raclement des balais en coco »). Cet « ailleurs distrait » est celui d'une époque qui savait prendre son temps, se poser. Si elle fut marquée par l'absence de véritable liberté individuelle pour la jeunesse (participes passés entérinant la contrainte : « obligées », « imposées ») et par l'image d'un avenir bâché (métaphore : « oripeaux de rêves »), du moins les générations se côtoyaient-elles, s'éprouvaient-elles dans l'échange de la parole, de l'expérience, dans l'écoute des anciens (« le chant rauque des vieilles bouches où le souffle manquait », hyperbole avalisant la prise en compte d'une traversée douloureuse de l'existence : « vies aux mille crevasses »). C'est en creux qu'il nous semble lire, face aux hantises de l'ancien temps (« peur / des larges ombres / peur du terne de la nudité / de l’usure » ), le miroir aux alouettes de notre modernité : fascination exacerbée pour l'image, obsession du clinquant, saturation pornographique sous toutes ses formes, culte du jeunisme. Le monde contemporain est implicitement assimilé à cette ville globale rompue aux faux-semblants, aux promesses sans lendemains (expression : « farde les murs »), générant solitude et exclusion (métaphores : « La nuit de bitume », « graffitis de givre »). Pour la locutrice et les gens de sa génération (ceux à qui « il manquait le ciel »), l'image de l'âge tendre et de son insouciance est bel et bien morte et enterrée (généralisation de la perspective : « toutes les enfances », « toutes les marelles », participes passés entérinant la disparition : « fanées », « effacées »).
Merci pour ce partage !
Le présentatif de l'entame (« C'est... que.... qui ») met en exergue une perspective établie entre passé (imparfait : « manquait » x 2, « avait ») et présent, la métaphore méliorative (« jardin de mots »), qui fait écho au titre (« Éden »), marquant d'emblée la prééminence de l'avant. L'anaphore (« j'écris ») appuie sur la nécessité de rendre compte d'un état de fait. Le lexique associé implicitement au présent connote une perte des repères (noms communs : « orage », « désordre », « chaos », groupes nominaux : « bleu multiple », « images soudaines », verbe pronominal : « se fourvoient », constat avalisant la frénésie de la vie moderne : « les insectes que nous sommes »), tandis que celui lié au passé comble les sens (vue : « eau azurée des lessives anciennes », « trottoirs gras briqués à la semaine », odorat : « odeur du savon mou », ouïe : « raclement des balais en coco »). Cet « ailleurs distrait » est celui d'une époque qui savait prendre son temps, se poser. Si elle fut marquée par l'absence de véritable liberté individuelle pour la jeunesse (participes passés entérinant la contrainte : « obligées », « imposées ») et par l'image d'un avenir bâché (métaphore : « oripeaux de rêves »), du moins les générations se côtoyaient-elles, s'éprouvaient-elles dans l'échange de la parole, de l'expérience, dans l'écoute des anciens (« le chant rauque des vieilles bouches où le souffle manquait », hyperbole avalisant la prise en compte d'une traversée douloureuse de l'existence : « vies aux mille crevasses »). C'est en creux qu'il nous semble lire, face aux hantises de l'ancien temps (« peur / des larges ombres / peur du terne de la nudité / de l’usure » ), le miroir aux alouettes de notre modernité : fascination exacerbée pour l'image, obsession du clinquant, saturation pornographique sous toutes ses formes, culte du jeunisme. Le monde contemporain est implicitement assimilé à cette ville globale rompue aux faux-semblants, aux promesses sans lendemains (expression : « farde les murs »), générant solitude et exclusion (métaphores : « La nuit de bitume », « graffitis de givre »). Pour la locutrice et les gens de sa génération (ceux à qui « il manquait le ciel »), l'image de l'âge tendre et de son insouciance est bel et bien morte et enterrée (généralisation de la perspective : « toutes les enfances », « toutes les marelles », participes passés entérinant la disparition : « fanées », « effacées »).
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
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'toM- Nombre de messages : 278
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Re: Eden
alizarine Dim 1 Nov 2015 - 8:32
Merci à vous, Jfmoods et 'toM.
En ce moment je ne puis être très présente, je ne puis commenter ou déposer des textes mais je n'oublie pas Vos Ecrits. Merci de comprendre.
En ce moment je ne puis être très présente, je ne puis commenter ou déposer des textes mais je n'oublie pas Vos Ecrits. Merci de comprendre.
alizarine- Nombre de messages : 104
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