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Arcas

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Message  NikitaM Mar 1 Sep 2015 - 13:33

Bonjour,

Voici un texte écrit l'année dernière lors d'un atelier d'écriture, où nous devions imaginer une ville, et que j'aimerais peut-être retravailler. Bonne lecture,
N.

**
Les derniers mots du vieux furent pour le vent. « Le vent d’Arcas, je ne l’entends plus, il se tait » suivi d’un long soupir après lequel il s’éteignit. 
Sa mort fut intime, empreinte d’une profondeur lyrique qui me paru lui avoir été donnée par la ville, comme un cadeau d’adieu. 
Il habitait une maison près du parc de la Chimère, immensité de verdure qu’il voyait de son lit ; une maison comme d’autres de la ville, à deux étages ramassés. Une maison arcasienne de la période ancienne, sobre, grise, aux fenêtre muettes, et à la façades diamantées. 

Le cercueil devait suivre un itinéraire précis que nous avions emprunté la veille en marchant. 

En sortant du 9 de la rue des Gai-Piqués on croyait voir la forêt. Il n’y avait pas de séparation entre le bitume de la rue et le parc. D’un pas on oubliait la ville et l’on était plongé dans la fraîcheur de l’herbe, on était fasciné par la puissance des hêtres, les épines d’épicéa embaumaient l’air de leur parfum profond. Ce parc faisait notre fierté et chaque bibliothèques avait sa reproduction gravée de l’époque Jobeline. Le parc y dévoilait sa complexe organisation, labyrinthique, faite de sentiers pavés donnant sur des clairières, des lacs, des grottes artificielles, sombres, humides, ouvrant sur des parterres fleuris mais isolés, comme des apparitions. Des larges allées plantées s’échappaient des chemins de terres qui n’allaient nulle part qu’à un belvédère, on y découvrait lointain - un banc charmant et inconnu, où l’on voulait s’asseoir mais qu’on ne retrouverait ni demain en le cherchant, ni par hasard des années plus tard car il serait oublié. 
Il avait écrit 
« Et la Chimère, 
pareille au vent mauvais, 
égare.
A la douce Arcas
Elle offre le chant long
du vent
il souffle, frais et passe.
 »

Il fallait ensuite remonter jusqu’à la rue de l’Aigrefin, puis tourner dans l’avenue Paul Cros. Il y avait là la grande bibliothèque de la ville, elle avait été bibliothèque royale avant que la dynastie n’abandonne le palais vieux pour construire le Callitri sur les bords du fleuve, plus à l’ouest, plus au centre, près des drapiers et des ateliers de peintre. 
Le Callitri que le vieux aimait tant est une ruine. Le pavillon central est toujours debout, bien triste vestige qui affiche en façade, fanées, l’ocre et le mauve des Jobelins. Arcas aime ses ruines, elles sont nombreuses, parfois on croit voir un palais sortir de terre alors qu’il s’effondre.

Après la bibliothèque, il faut monter encore, suivant le corbillard vers cette partie de la ville si vieille et empierrée qu’on oublie parfois qu’elle existe. L’avenue Marcus Jobelin fait une pente raide, sur les trottoirs trois rangées d’arbres – des hêtres – séparent la chaussée des marcheurs. Mon étonnement ne faiblit pas après les années face à cette bizarrerie. Les maisons d’ici sont très grandes, mais elles paraissent sombres. Nous avons marché au milieu de la route, hier comme aujourd’hui, jusqu’à la place Hermine Apache. C’est un endroit incroyable, d’où on n’entend plus de bruits – ou si peu. La place est immense, ronde et piétonne. Au milieu trône une ourse de bronze.

« La brume du soir, lambeau de soleil,
au pieds de l’Apache, pleure.
 »

Sous l’ourse, il y a un banc où nous nous sommes assis, laissant le vieux continuer solitaire ses adieux à la ville, nous ne voulions pas voir la fin.
De là, Arcas s’étendait lointaine aux pieds des hêtres, si belle et délabrée. Derrière nous il y avait la montagne. La fraicheur de l’air est un luxe que chaque arcasien sait gouter, quand le soleil tombe derrière l’ourse et qu’un vent doux et dense s’engouffre dans nos rues. J’ai pleuré en pensant que le vieux poète n’entendait plus ce chant, si délicieusement frais et calme et qui est un poème, le poème de sa vie.
NikitaM
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Message  Pussicat Sam 5 Sep 2015 - 17:01

j'ai apprécié le mode choisi pour décrire la ville, l'écriture, et les passages en italiques... une question : pourquoi avoir changé de temps dans ce passage : Après la bibliothèque, il faut monter encore,... du passé vous passez au présent alors que précédemment, vous écrivez : Il fallait ensuite remonter jusqu’à la rue de l’Aigrefin,
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