Fantaisie

[Invité]

Dans les bureaux tout ri
Tout ripo
Tout ripolinés
Les ingénieurs
Z’en chef
Très sourcilleux
Sont tous babas, tout débat,
Tout ébahis
Il faut dire que la centrale
La centrale toute ripo
Toute ripolinée
La centrale est en fuite
Elle s’en va la centrale
Part en coulisses
Il faut dire que la terre
Voyez-vous la terre
S’en va elle aussi
Loin des hommes fous elle part
Loin du soleil que les hommes
Vénèrent
Vers une autre galaxie
Où l’herbe est bleue
Bleu tendre
Et la mer est rouge
Rouge amarante
Et les soleils sont modestes
Et vert pomme
Là-bas pas d’ingé,
D’ingénieurs z’en chef
Que des zinzins
Et des mouettes

[Pussicat]

Frais comme du Prévert, aussi fou et génial que du Charles Cros - trop méconnu, sur-réalisme ou hyper-réalisme, évocation d'une fin prochaine, d'une vie à venir, une autre vie, autrement, ailleurs...
j'aime, j'aime, j'aime j'aime, j'aime, j'aime, j'aime,
j'aime ce poème
c'est vraiment d' la crème !
à bientôt de te lire,

['toM]

ça a l'air léger mais c'est compliqué de trouver le juste équilibre de la légèreté

Très...

(et encore, stp)

[Sahkti]

J'aime beaucoup !
Le rythme me paraît bien maîtrisé, tout comme l'utilisation des sonorités et des effets qu'elles produisent; ni trop ni trop peu, dosé avec justesse, ce qui n'est pas aisé.
Cet inventaire plein de vivacité est plus qu'agréable.

[Annie]

Très sympa, mais j'ose ne pas être ravie... et oui, plus on donne plus on demande !

J'ai pensé à Vian plus qu'à Prévert, ou à Queneau, précisément à la Java des bombes atomiques.

Mais..
je trouve que le niveau de fantaisie, excellent au début ne se maintient pas, à partir de "Il faut dire que la terre" le texte est prosaïque, l'évocation du rouge et du vert pomme ne me convainc pas,
d'autre part, bien que "un poème n'est jamais un slogan, ni une démonstration, bla, bla, bla", je l'ai déjà dit, je le redirai encore.. je pense que viser les z'ingénieurs est une erreur, le problème est politique, comme dit Vian
"Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d'Etat
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s'excusa
De ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu'ils sont tous entrés
Il les a enfermés
En disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages
Il n'en est rien resté "

Ceci dit j'ai apprécié, bien apprécié, merci du cadeau.

[Invité]

Un petit tour pour dire merci. Vous êtes trop gentils et gentilles
L'échange, c'est tout un art de vivre, Annie, vous avez bien raison
Et perso je citerai bien modestement Paul Klee, je crois que c'est une lecture se rapportant à lui qui m'a suggéré le chemin vers ces couleurs vives d'un monde imaginaire, cet ailleurs

[Loreena Ruin]

Je reconnais que la poésie, c'est aussi ce genre de texte où le jeu de mot et de sonorité, le "jeu" tout court en fait, est au centre du travail de l'écrivain. Mais j'y suis rarement sensible et ici ça ne rate pas, je reste de marbre face au début et la fin du texte. Je préfère la légèreté sans artifices de ce passage, qui me touche davantage :

"Il faut dire que la terre
Voyez-vous la terre
S’en va elle aussi
Loin des hommes fous elle part
Loin du soleil que les hommes
Vénèrent
Vers une autre galaxie
Où l’herbe est bleue
Bleu tendre
Et la mer est rouge
Rouge amarante
Et les soleils sont modestes
Et vert pomme"

[Contenu sponsorisé]