Humeur

[alizarine]

Ce matin
je parle en dessous de ma voix
en creux
presqu'en dehors

c’est comme si je n’étais plus
ou pas encore

c’est comme si je ne pouvais rien articuler
mais que j’étais obligée
de dire.

[Polixène]

tout un préambule
qui aurait décidé de ne rien partager
-ou pas encore-

c'est pourquoi
nous attendons

discrets

prêts à écouter à venir
symétriquement
obligés

de nous taire

[Pussicat]

tout un préambule
qui aurait décidé de ne rien partager
  -ou pas encore-

c'est pourquoi
  nous attendons

        discrets

              prêts à écouter                à venir
  symétriquement
obligés

de nous taire

J'ai lu et relu ce poème, et encore, sans oser poster de commentaire... et je n'en ferai rien, comme une pudeur,(ce que je fais sans le faire merci d'avoir ouvert la voie Polixène.

[alizarine]

Ce texte est sans doute trop intimiste, Pussicat. Et pourtant, qui d'entre-nous n'a pas connu ce blocage soudain de la parole alors que tant de choses pressent à dire ?
Merci à toi, merci à Polixène.

[Armor]

Juste merci de ce partage.

[hi wen]

c'est chouette.
bon mon esprit tordu a lu autre chose:

Ce matin
je parle en dessous de ma voix
en creux
presqu'en dehors

c’est comme si je n’étais plus
ou pas encore

Vous


quoi!comment!qu'est ce que j'apprends! alors comme ca vous n'etes plus moi! ah mais ca va pas du tout!

[Invité]

Je la place parce qu'elle est superbe je trouve
"Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux"
René Char

['toM]

J'ai pensé aux visages que sculptait Ossip Zadkine, ces reliefs en négatif qui m'ont toujours fasciné.
J'en retrouve un ici :

http://a402.idata.over-blog.com/0/14/34/25/Gerard/Auvers---Orangerie---Zadkine---16-c--Ger-rd--1600x1200-.jpg

C'est un texte très ramassé, dense d'avoir été élagué, peut-être. Presque trop. Fort, en tout cas

[alizarine]

Armor, merci.
hi wen, je ne suis pas très douée pour l'humour, c'est dû, peut-être, à mon autre culture. Merci !
Condremon, c'est une pensée de Char que j'aime beaucoup, merci.
'toM, merci ! Non, le texte n'a pas été élagué du tout, c'est un vrai mouvement d'humeur, un constat coléreux écrit d'un seul jet, ce qui explique ses imperfections.

[Sahkti]

Lorsque la parole n'est plus, il faut la laisser.
Le temps nécessaire.
Même si c'est long.

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