Missile

[David]

Miss, il te faudra bien lâcher un peu de lest,
Entends-tu cet orage offert venir en trombe ?
Et chaque éclair mettra la voile avant qu’il tombe
Arrachant de sa grêle avide une âme en zest.

En roulant, les buissons ardents de ce Far West
Entrainent à leur suite ivre ce bruit de bombe
Et c’est comme un chapeau-melon qui te surplombe
Au soleil et sa courte-échelle a fait ton test.

Tout ton amour en porte-à-porte est une fresque,
Il est lange et soutien-gorge subtil ou presque,
Entends-tu le tohu-bohu qui vient en jet ?

Aucun retard ni même oubli, tu restes jusque
Au bout dans ce funiculaire un peu trop brusque
Assise en regardant passer cet exocet.


.

[Annie]

Déroutant...
Je reste perplexe sur l'interprétation : un amoureux un peu fatigué de tenir l'échelle à la belle qui mange les cerises ?

Le chapeau melon m'a tout de suite accrochée, j'ai pensé à Magritte qui réunit des éléments dans un voisinage insolite, la cohésion assurée par la structure très ferme du tableau.
Comme ici par la forme sonnet, l'impeccable.

soutien-gorge s

[David]

Merci de ton passage, Annie,

Je n'ai rien de définitif à dire sur l'inspiration de ce poème-ci... ça partait de missile, découpé pour créer un personnage féminin, je voulais rendre une ambiance à la Jules Verne avec l'évocation du lest, comme pour une montgolfière, avec le farwest et le chapeau-melon, c'est plutôt ce qu'ont peut appeler du steam punk, du "voyou à vapeur", le nom qu'on donne à la SF se déroulant au 19ème siècle.

Il y a aussi les évènements des Malouines qui m'avait laissé le mot du titre en tête pour longtemps lorsqu'ils se sont déroulés, l'inspiration s'exprime un peu comme les rêves, je passe du coq à l'âne mais j'ai entendu parlé après avoir écrit ce poème d'un reportage actualisant ce qu'on pouvait en connaitre :



On y parle de la charmante conseillère économique du pérou demandant à un secrétaire d'état quand seraient livrés les derniers exocets, alors même que Margaret Thatcher use de son charme auprès de François Mitterrand, afin qu'ils ne soient pas livrés pour ne pas risquer d'être refourgués en douce à l'Argentine...

tout un roman, un peu tombale pour un peu moins d'un millier de personnes.

[David]

et merci aussi pour la correction, que j'ai demandé après ton commentaire.

[Pierrot29]

Je me pointes avec près de 4 ans de retard pour déguster à la petite cuiller ce sonnet aux rimes insolites et son propos un tantinet surréaliste. C'est peu dire que j'adore.

[David]

Merci beaucoup de redonner un peu de vie à ce poème là !

[Éclaircie]

Bonjour David,

Je suis toujours aussi déroutée à te lire, toujours aussi curieuse et intéressée aussi.
Ton commentaire est le bienvenu. Autant pour un éclairage du poème que pour sa "datation".

[David]

Merci de ton passage Éclaircie !

La suite de chiffre après le titre, c'est la trace d'une photo d'illustration, qui ne doit plus être hébergée. Pour la datation, on n'a pas les années ici, c'est trop un site de jeune, mais il est sur Oniris depuis octobre 2015, alors je pense que je l'avais posté ici en juin de la même année, vu qu'il y a un tiret à "courte-échelle" ici et pas là-bas. J'ai quelques premières publications par ici.

Il y a une petite pluie de mots liés par un tiret, je compte les deux "entends-tu", avec la fin du second quatrain et le premier tercet. Je voulais en mettre pleins, pousser les enjambements et ces tirets en faisait partie. Le poisson volant, c'est l'air et l'eau alors il fallait que ça coule et que ça glisse.

Je voulais la première rime aussi, lest-test-far west-zest, avec ce T sonore sans voyelle , ce qui en fait une rime "masculine" avec un son "féminin", en terme de rime. Je la prolongeais même avec fresque-presque et jet-exocet, différentes mais proches. Au départ, je n'avais que brusque-jusque, et rien que ça, c'était le poème pour moi, ce couple de son.

Une personne dans un funiculaire, elle est sur un banc qui se déplace, et le banc, c'est un archétype poétique, il y a pleins de poèmes à son sujet, et Brassens en a fait une chanson d'ailleurs des "bancs publics". La trame du poème s'inscrit dans cette veine.

Voilà, sinon l'écriture vient de ce que les mots que je suis amené à employer pouvaient recouvrir dans mes pensées d'alors.

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