Invictus Anonymous ... La nuit de l'attente

[post scriptum]

Le jeune Anonymous arrêté répond à l’État français par un poème

Le 8 avril dernier, à 06h00 du matin, un jeune français de 19 ans était arrêté à son domicile. Son crime, être soupçonné d’avoir participé à des attaques informatiques contre des sites institutionnels dans le but de dénoncer la politique d’enfouissement des déchets nucléaires et le meurtre de Rémi Fraisse. Acculé, il nous dévoile sa personnalité cachée derrière le masque à travers un poème rédigé peu après son arrestation.

La nuit de l’attente

Dans la nuit de l’attente, qui s’étend sur mes jours,
L’insomnie y enfante, la souffrance au séjour.
Ces minutes, ces semaines, où l’unique pensée,
Est la chute, et la peine, qui seront prononcées.

C’est peut-être la peur, qui effrite mon âme,
Cette crainte qu’en ma fleur, mes pétales ne se fanent.
Est-ce déjà le moment, de libérer mes graines,
Si prématurément, pour que d’autres les reprennent.

Qu’ils attisent ce combat, de garder allumé,
En chacun de nos pas, le flambeau des idées;
Pour éclairer nos ombres, d’où s’élèvent ces grands rois,
Tyrans de la pénombre, qui éteignent notre voix.

Oui, gardons le courage, même si quand on l’éclaire,
Le tyran met en cage, il faut voir la lumière.
Celle qui brille en chacun, à travers les barreaux,
Pour qu’envers son prochain, on ne soit un bourreau.

Je m’efface en l’attente

Sensation si étrange, je me vois disparaître,
Invisible comme l’ange, sans sa joie, sans mon être.
Il n’y a plus la vie, on m’enlève mon combat,
Le futur s’assombrit, oui je crève loin de moi.

Et l’on a pris mes armes, dois-je attendre jugement,
Qui condamnera l’âme, à s’éteindre pour longtemps ?
Restera-t-il des braises, en dessous de mes cendres,
C’est au bord des falaises, que l’on ose se descendre.

Car ici c’est l’argent, qui est roi des justices,
Je ne chante plus ce chant, qui attise les supplices;
Sur ces autres qu’on ignore, comme chacun d’entre nous,
Nous n’avons qu’un seul tort, celui d’être à genoux.

Consommant son prochain, se consume en nous même,
L’espérance d’un destin, sans l’enclume des peines.
Marteau de l’ignorance, vient enfoncer le clou,
De nos fausses connaissances, qui nous rendent aussi fous.

Fous de croire que l’on est, plus important que lui,
Lui qui marche à côté, que l’on croise dans la nuit.
Nuit qui gagne nos cœurs, sur l’ardoise de nos vies,
Où s’efface l’ardeur, d’y laisser notre écrit.

[David]

Salut post scriptum,

Je regrette que le vocabulaire de la petite présentation ne soit pas celui du poème. La présentation est claire, efficace, concise ; pour le poème, il pourrait aussi bien parler de la contestation du servage ou d'un régime autoritaire, rien ne le relit directement aux faits préalablement présentés. Le ton contestataire est évident, mais c'est l'objet de cette contestation qui me semble complétement diffus.

C'est difficile à détailler et le "j'aime/j'aime pas" est forcement personnel, mais en gros, tout ce qui est vocabulaire spirituel m'a paru ou trop envahissant, ou trop sobre, pas assez revendiqué (âme, destin, prochain, ange, supplice ; chute, ombre [Symbolique] ; une expression comme "il faut voir la lumière" qui m'évoque un chant de gospel, "être à genoux" dans un contexte spirituel n'a pas du tout le même sens que dans un contexte de conflit social, dans le poème, le sens est évident, social, mais il m'a semblé en porte-à-faux des éléments précédents, spirituels).

J'ai remarqué aussi les métaphores, celle de la fleur au début ("Cette crainte qu’en ma fleur") est assez longuement filée, sur une strophe. il y en a de nombreuses autres ("le flambeau des idées; Pour éclairer nos ombres", "Restera-t-il des braises, en dessous de mes cendres,", "sans l’enclume des peines. Marteau de l’ignorance, vient enfoncer le clou,", "sur l’ardoise de nos vies, Où s’efface l’ardeur, d’y laisser notre écrit.") elles sont plus brèves, un vers ou deux, plus floues, alors que le poème dans son ensemble est relativement long, ce qui me donnait l'impression pour ces dernières citations que c'était un peu tassé dans les vers, trop serré quoi.

La lumière par exemple revient plusieurs fois, mais comme si la même image servait plusieurs fois au lieu de servir sur la longueur, un peu comme les mots "rois/roi" qui se font écho alors que les deux emplois sont assez autonomes il me semble.

Bref, c'est déjà un peu long de ma part, il me semble qu'il y a une intention "lyrique", de trouver un "chant", mais je me demande pourquoi ne pas avoir repris les noms du préambule, déchets nucléaires, Remy Fraisse ? Les vers ont aussi un ton relativement intemporel et c'est sans doute voulu, si c'est bien ça je me rends compte que j'oriente plutôt mon avis sur un ton que j'aurais senti plus moderne au vu du thème.

[post scriptum]

Bonjour David,

Je ne suis pas l'auteur de ce poème.
L'auteur est un réel Anonymous emprisonné à cause de ses actions militantes.

Je souhaitais partager ce texte avec vous.

[David]

Oups, désolé, j'ai pris le sujet comme une militant fiction

J'ai trouvé cet article du 10/06/2015 pour plus de détail :

"Connu sous le pseudonyme de journaliste liberty ou de Boby sur IRC, administrateur de la chaîne Youtube Anonymous France et auteur de nombreuses vidéos contre Monsanto, TAFTA, le génocide au Congo ou encore le barrage de Sivens, ce jeune garçon risque aujourd’hui 10 ans de prison et/ou 150 000 euros d’amende."

https://mrmondialisation.org/le-jeune-anonymous-arrete-repond-a-letat-francais-par-un-poeme/

[Contenu sponsorisé]