Déflagration

[Armor]

Toujours tu crois à la lumière et tu tends ta main, oubliant la brûlure possible, l'imminence de l'obscurité.

Et il y avait comme un effarement dans ce geste où tu le tenais serré : le détalement impossible des bêtes à l'approche d'un désastre, la lenteur décomposée d'une fulgurance.

[Loreena Ruin]

C'est génial, mais tout seul, comme ça... il y a un recueil quelque part ? :p

[Polixène]

A la lecture de ces deux phrases, je vois cet instant suspendu où le monde est blanc-noir-blanc-noir, et cette même sensation transposée non plus visuellement mais auditivement, ces secondes de silence avant le vacarme ...

Superbe "lenteur décomposée d'une fulgurance"

[hi wen]

on veut une suite

[Pussicat]

J'aime cette brièveté décrite avec l'urgence de la forme, comme un haiku déplié, à l'exemple de cette invention : "détalement impossible"... impossible parce qu'y a pas de mot ? plus fort que détente, sursaut, départ... la mise en perspective sensible de cette sensation "effarement dans ce geste" est magnifique.
à bientôt de vous lire,

[Armor]

Il n'y a pas de suite à ce texte. Un recueil est en cours.
Impossible oui parce qu'il n'y a plus de mots, de gestes, rien. Un moment suspendu, hors temps et hors espace.
Merci à vous

[isa]

... ce texte me fait me rappeler pourquoi j'aime tant lire et écrire de la poésie: parce qu'il n'y a définitivement pas besoin d'écrire 300 pages pour faire quelque chose de beau et que quelques mots mis harmonieusement à la suite suffisent pour faire naître des images et des sensations...

[jfmoods]

Nous avons affaire ici à une écriture par fragments, en éclats. Voici un texte qui, par son vœu de brièveté, fait immanquablement penser à l'univers de René Char et à l'héritage héraclitéen qui est le sien. Comme chez l'auteur des « Feuillets d'Hypnos », on retrouve, en effet, ici, l'alliance motrice des contraires (« lumière » / « obscurité », « effarement », « lenteur » / néologisme : « détalement », « fulgurance »), la mise en place d'un noyau de percussion qui explique le titre du poème (« Déflagration »).

Il existe de nombreux exemples, chez Char, de cette explosion des contraires. On pense, notamment, à ce vers qui parle de la jouissance amoureuse et clôt le poème « La chambre dans l'espace » (recueil : « La parole en archipel », 1962)...

« Comme il est beau ton cri qui me donne ton silence ! »

Merci pour ce partage !

[Armor]

Merci jfmmods pour cette analyse et pour la référence, j'ai assez peu lu R Char, je vais aller y mettre ma curiosité aiguisée par ce très beau vers que vous citez. Merci pour ce partage!

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