Errance

[hugofan]

Je suis un navire à la dérive dont le vieux capitaine
Aux membres glacés ne cherche plus la route

Mes flancs sont pleins d'écume et mes tristes matelots
Pleurent en secret leurs amours disparus

Je tangue sous la lune et le pâle reflet des étoiles
Jette sur ma poupe une lueur cadavérique

Ivre de malheur les flots m'emportent et me secouent
Personne dans le ciel ni sur la terre

Ne jette un regard clément sur ma carcasse métallique
Personne ne répond au son plaintif et lourd

De ma sirène qui gémit la nuit de ses sombres voiles
Obscurcit mon horizon

Et ma boussole fêlée ne m'indique plus que les rives
Incertaines des limbes infernales

Ainsi comme un vieux poète oublié
Par les hommes je continue ma route

Navire fantôme dans le monde onirique
Et vaste de l'océan sans visage

[Lary456]

Je suis sensible à la note désespérée qu'exprime ce poème. Je viens d'apprendre l'existence d'un certain Apollonius de Thrace. Voici un lien http://remacle.org/bloodwolf/roman/philiostrate/apollonius1.htm

[Loreena Ruin]

Un poème qui pose son ambiance à grand renfort d'adjectifs et autres expansions du nom, ce qui pour moi peut vite nuire à la poésie en créant de gros clichés sur l'univers maritime/bateau fantôme :

Je suis un navire à la dérive dont le vieux capitaine
Aux membres glacés ne cherche plus la route

Mes flancs sont pleins d'écume et mes tristes matelots
Pleurent en secret leurs amours disparus

Je tangue sous la lune et le pâle reflet des étoiles
Jette sur ma poupe une lueur cadavérique

Ivre de malheur les flots m'emportent et me secouent
Personne dans le ciel ni sur la terre

Ne jette un regard clément sur ma carcasse métallique
Personne ne répond au son plaintif et lourd

De ma sirène qui gémit la nuit de ses sombres voiles
Obscurcit mon horizon

Et ma boussole fêlée ne m'indique plus que les rives
Incertaines des limbes infernales

Ainsi comme un vieux poète oublié
Par les hommes je continue ma route

Navire fantôme dans le monde onirique
Et vaste de l'océan sans visage

[Lary456]

Mais enfin chère Loreena ce n'est pas ainsi que l'on console les malheureux poètes.
Voici un truc. J'ai entendu sur radio Notre Dame l'auteur de "Le Bonheur sans ordonnance" dire qu'il était scientifiquement prouvé que la répétition d'une prière (n'importe laquelle) pouvait améliorer les choses même quand on est malade. Cette nuit j'ai essayé de m'endormir en faisant comme ça mais ça n'a pas marché. Mais en gros j'ai l'impression que ça m'est plutôt bénéfique.

[Loreena Ruin]

Cher Lary. Je ne comprends pas votre commentaire. Qu'essayez-vous de me dire ? Qu'Hugofan doit réciter des prières ? Que je devrais le faire ? De qui parlez-vous quand vous dites "les malheureux poètes" ?

[Lary456]

Chère amie, les malheureux poètes ce sont tous ceux qui se sentent malheureux. Vu la tonalité un peu douloureuse du poème de notre ami Hugofan, j'ai pensé qu'il en faisait partie. Mais après tout je peux me tromper car cela m'arrive assez souvent. Ceci dit, j'ajouterais que l'expérience relatée par l'auteur du "Bonheur sans ordonnance" parle de prière sans préciser de quelle religion. Ainsi apparemment tout le monde est laissé libre du choix.

[Loreena Ruin]

Lary, vous savez, le "je" employé dans un poème n'est pas forcément le "je" de celui qui écrit. "Je est un autre" disait Rimbaud. "Je" c'est vous, c'est moi, c'est tout le monde qui peut s'identifier à la voix poétique ici. Je ne dis pas qu'on ne met pas une part de nos émotions dans la poésie, mais ce n'est pas parce qu'on parle de tristesse qu'on est forcément en train de pleurer, et ce n'est pas parce qu'on écrit sur l'amour qu'on est amoureux... Après, je ne préjuge pas des émotions d'hugofan, qui répondra lui-même...

[hi wen]

rimbaldien-paulvalerique-lamartinesque
pour moi le vers classiqueux manque un peu de personnalité.

[Lary456]

Là c'est sûr que si l'auteur est déprimé, ça va lui remonter le moral. Espérons qu'en effet le poème manque de personnalité et que la désolation qui s'y exprime n'est en rien celle de l'auteur ou sinon que le "Je" du poète saura encaisser.

[Pussicat]

Je ne suis pas insensible aux commentaires de Loreena Ruin quant à la composition de ce texte qui multiplie les adjectifs... je me souviens me l'être fait reprocher à raison par Annie sur "Réminiscence" http://www.vosecrits.com/t14130-reminiscence

Ce que je ne comprends pas c'est la composition en distique qui ne me semble pas convenir à cette "errance"...
elle coupe la phrase, le vers inutilement.
J'aurais bien lu ce poème en vers libres, plus aéré.
Avec votre permission :

"Je suis un navire à la dérive dont le vieux capitaine aux membres glacés ne cherche plus la route
Mes flancs sont pleins d'écume et mes tristes matelots pleurent en secret leurs amours disparus
Je tangue sous la lune et le pâle reflet des étoiles jette sur ma poupe une lueur cadavérique
Ivre de malheur les flots m'emportent et me secouent (perso j'aurais écrit "malheur" au pluriel)

Personne dans le ciel ni sur la terre ne jette un regard clément sur ma carcasse métallique

Personne ne répond au son plaintif et lourd de ma sirène qui gémit la nuit de ses sombres voiles
Obscurcit mon horizon

Et ma boussole fêlée ne m'indique plus que les rives incertaines des limbes infernales

Ainsi comme un vieux poète oublié (j'aurais remplacé "comme" par que...)
Ainsi qu'un vieux poète oublié par les hommes je continue ma route

Navire fantôme dans le monde onirique et vaste de l'océan sans visage"

Mais dans ce cas de figure, la ponctuation manque.

à bientôt de vous lire,

[isa]

Effectivement, la tonalité mélancolique du poème est tangible... Ceci dit, j'ai globalement bien aimé en particulier la disposition en distique qui m'a semblé ici intéressante mais (il y a un mais) pourquoi commencer par des distiques autonomes pour enchaîner par des distiques qui ont besoin d'un prolongement dans les vers suivants? ça m'a un peu perturbée à la lecture.

[hugofan]

Merci pour vos commentaires.

Comme il a été dit plus haut, "Je est un autre", il n'y a donc aucune raison d'identifier la personne de l'auteur avec le "je" du poème. C'est la chose la plus élémentaire dont il convient d'être conscient lorsqu'on lit un texte littéraire.
Les extrapolations sont donc hors-sujet.

Je prend note du fait d'avoir multiplié les adjectifs ; je précise également que j'ai écris ce poème il y a quelques années. C'est donc, je pense, par manque de personnalité que ce poème vous a déplu. De plus, les distiques me semblaient exprimer le mouvement des vagues... peut-être suis-je ridicule lol

Je m'excuse de répondre aussi tard, mais c'était pour couper court aux commentaires de ceux qui pensent que les textes littéraires sont des journaux intimes... C'est à la fois injuste et prodigieusement agaçant.

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