Il y a quelqu'un

[Loreena Ruin]

Ce texte est un essai ; je n'ai plus écrit depuis longtemps, n'ayant rien à dire. C'est sous une forme fantômatique qu'est revenue l'inspiration, avec une volonté de créer des "présences", parfois lourdes (gras), parfois simples "souffles" (italique) dans mes textes, qui offrent plusieurs lecture à un seul et même poème. À vous de me dire si cela fonctionne ou non... en toute sincérité.




Ici rien n’a changé

...................tout est semblable
.........à ce qui a toujours été

Mais
.........dans ma tête................pousse une herbe nouvelle
   
Je vois un peu d’avenir dans les arbres —

.........Leurs branches
...................comme une main tendue..................pour s’extirper du passé

.........La vitre est embuée
...........................................Dernier soupir
— quelqu’un est là

(On connaît tous des endroits qui hantent les recoins de l’âme)

..................................Dans cette chambre il y a quelqu’un qui se noie

Dans cette chambre

...................Il y a quelqu’un

.........les murs

les draps
les

gens

...........................sont bien trop
...........................blancs

[hi wen]

du coup vous forcez une intonation et une lecture.
pourquoi ne pas laissez le lecteur libre de son interprétation et de sa lecture?

[Loreena Ruin]

Réponse, tant que je suis tout en haut : le lecteur est libre de sa (ses) lecture(s), de sa compréhension du poème, et du ton qu'il veut donner à chaque voix. Je ne fais que tracer un chemin pour son regard, avec ce que je verrais plus comme un jeu de poupées russes, un poème dans le poème... Je sais que l'usage du gras peut gêner, mais je ne vois pas d'autre manière de faire apparaître le texte à l'intérieur du texte, car c'est vraiment là que ce situe la recherche. Si vous avez des idées...

Quant à l'italique, je l'ai toujours utilisé pour jouer les "secondes voix", les murmures "d'ailleurs", et je pense que ce choix typographique fonctionne assez bien ; donner un cadre minimum à l'interprétation en mettant autant le visuel en avant que les mots, ce n'est pas toujours "forcer" la lecture mais simplement assumer d'avoir voulu créer un effet avec un intention précise.

[Loreena Ruin]

*se situe / une intention

[Lary456]

Bonjour madame Loreena
Je pense que l'essentiel est d'être clair. Les gens des siècles futurs quand ils voudront bien passer du temps à nous lire, voudront que ça leur dise quelque chose.

[Polixène]

Pour moi c'est très clair cela fonctionne , je suis plongée dans une ambiance, une scène de vie, avec son lumières et senteurs même!
Et cela m'enchante.

[Loreena Ruin]

Merci Polixène ! Que pensez-vous du gras, de votre côté ? Je comprends bien hi wen qui dit que cela peut forcer la lecture. Je cherche une solution éventuelle.

Lary, je ne comprends pas bien votre commentaire : la démarche ne vous semble pas claire à la lecture ? ou est-ce le poème qui vous pose problème ?

[Lary456]

De temps en temps j'essaye de lire des poésies latines. Mais les auteurs ont voulu employer des termes rares, des termes grecs, des termes incompréhensibles au vulgaire. Ils ont si bien raffiné, recherché, tarabiscoté leurs expressions, que vingt siècles plus tard c'est autant d'obstacles pour les lire. Je ne suis pas sûr que dans vingt siècles, on nous saura gré des présentations personnelles, avec des points par ci, du gras par là et hop une majuscule au coin de la phrase. C'est une remarque assez générale. A mon avis le mieux est de rester simple et d'exprimer simplement ce que l'on croit devoir être dit.

[Loreena Ruin]

Et moi qui trouvais mes textes trop "simples"... les voilà hermétiques ! :p

[Polixène]

L'utilisation du gras ne me dérange pas à la lecture, mais cela ne produit pas un effet symétrique à celui de l'italique; cela draine de regard.

[Loreena Ruin]

Le but est bien de faire lire le second texte dans le premier à travers le gras. L'italique est plus là pour faire une seconde voix en fait...

[Polixène]

Oui oui , chacun réagit en "visuel" ou en "auditif"... ou en ...

[Loreena Ruin]

Lary, nous n'avons de toute évidence pas la même conception de la poésie. Vous voulez être "clair", "simple", pour faire comprendre un message. Vous écrivez pour dire quelque chose, informer, dénoncer et que sais-je encore. La poésie est pour moi une recherche sur la voix, sur la manière d'exprimer les choses et de les décrire pour en saisir toutes les facettes et transmettre une émotion particulière, créer une ambiance. Si vous cherchez un peu, vous verrez que mon écriture, forcément personnelle (ça s'appelle un "style" je crois, et c'est une chose qu'on travaille tout au long de sa vie), n'est pas dénuée de cohérence et n'a rien de complexe si l'on cherche un peu à saisir l'intention qu'il y a derrière. Dites-vous que les formes classiques qui semblent vous être chères peuvent être aussi rebutantes à la lecture pour celui qui n'est pas habitué à ces formes, ces tournures, ces rimes. Vos textes doivent-ils être plus "simples" pour autant ? Je vous laisse méditer là-dessus...

['toM]

J'aime beaucoup le travail sur les voix croisées. Ici ça n'a rien d'artificiel, il y a une très belle idée qui travers le texte en gras, d'autres qui flottent. On voit le travail. Le procédé fonctionne. En lecture haute ce serait compliqué, mais en graphisme c'est tout à fait possible, il suffit d'utiliser des polices de type et de taille différentes; je dois avoir un texte (j'ai oublié de qui) sur un recueil, c'est très "parlant", graphiquement, calligraphiquement. Avec les directions, les lignes de fuite du texte.
Ici le texte est presque conventionnel, en regard, ou je l'ai lu comme tel; mais si j'ai bien compris, tu es dans l'expérimental.
Travailler sur la disposition (ce que j'aime beaucoup faire ou lire), pour des raisons que j'ignore, est souvent mal apprécié dans les com's sur les forums, une sorte de poésie borderline hors norme. Dans ce texte, ça me semble tout à fait consistant parce qu'ajoutant du sens. La voix n'est plus seule.

[post scriptum]

Ce poème est très réussi dans son genre. J'aime beaucoup.

Lier forme éclatée et polyphonie (texte enchâssé et discours indirect libre) est un excellent choix.

Faut-il refaire pour autant la querelle classiques contre modernes ? Nous n'inventons rien, nous tentons simplement d'écrire avec plus ou moins de certitudes ...

[Armor]

J'aime et la forme et les voix. Et tout ce qui est derrière en surimpression. Intéressant.

[Libellule]

Premier commentaire pour moi, de ce texte que je trouve très joli.

Merci Loreena... :-).

Ce que j'aime beaucoup dans la forme, mais aussi dans le fond (avec les répétitions par exemple) c'est l'effet général que ça donne : un texte comme écrit dans un seul langage, mais avec des provenances de profondeurs différentes, des intensités différentes. le murmure que l'on devine à peine. les mots plus gras qui restent plus longtemps comme pour délivrer un message plus important. et puis l'ensemble qui forme tout de même un tout harmonieux et doux à l'oreille.

Et terminer par "sont bien trop blancs" rend beaucoup de présence aux espaces blancs...

Au plaisir de te lire encore!

[Pussicat]

Intéressant, j'ai l'impression de lire un texte en 3D à plusieurs voix... la mise en page est bien trouvée, je reviendrai lire ce texte plus attentivement... un vrai plaisir ce poème.

[Manon Lunalice]

Comme je te l'ai dit sur l'autre texte je trouve cela intéressant à lire, à la fois en séparant les voix mais aussi comme un tout et lorsque c'est un tout je te laisse te reporter à ce que j'ai dit sur ton autre texte !

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