Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Enfin une bonne nouvelle (17)

3 participants

Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (17) Empty Enfin une bonne nouvelle (17)

Message  Frédéric Prunier Mer 20 Mai 2015 - 17:21

XVII





        Aucune trace de pas vers la chapelle alors qu’il neige pratiquement tous les jours.
  Je n’ose toujours pas descendre au bar. Janine est-elle au courant de ce qui s’est passé ? Elle ne pourra jamais accepter ni comprendre cette après-midi d’explosion charnelle que je viens de vivre. Quant à Yasmine, elle tranche le monde en deux parties distinctes, sans compromis, avec d’un côté ce qu’elle considère le beau et le bien en face de tout le reste qu’elle rejette en bloc.
  Nous avons fait l'amour pour de vrai. Malgré cela, elle m’a qualifié de mou du genou avec ce ton et les paroles blessantes dont elle seule a le secret. Les cousins de Gaspard, quand ils se moquent de moi au bar, expriment la même chose en ajoutant que je n’ai pas de couilles.
  Si j'avoue avoir toujours peur de me tromper, de faire des mauvais choix, je reste persuadé que rien n’est jamais tout blanc ni tout noir... Est-ce ma faute si je n’ai pas cette rigidité partisane qui les caractérise ou si je ne suis pas aussi combatif et mordant que ma diablesse ? Afficher des idées révolutionnaires grâce à des uniformes d’insoumise et critiquer tout ce qui ressemble à de l’embourgeoisement ne suffit pas pour être libre et anticonformiste. Il existe aussi des assassins, des fous et des révolutionnaires en costard.
  Je croyais que la recherche du compromis était plutôt une qualité.  
  Je ne serai jamais un héros, ne braquerai pas de banque, ne tuerai personne ni ne grimperai sur aucune barricade en défiant la mort. Je ne serais jamais non plus un mari idéal et notre histoire n’aura pas lieu, c’est con mais c’est comme ça. Je les implore toutes les deux de sortir de ma tête en gueulant comme un fou ! Le temps va être long. Yasmine me manque, viscéralement. Je repense à toute la méchanceté que son visage exprimait quand elle voulait me jeter le chandelier à la figure. Le visage de Janine deviendra-t-il aussi hideux quand elle me reprochera mon infidélité ?


 

  Autour de moi, il y a Maria, Titou et sa bonne humeur, l’équipe des bras cassés de chez Seb, je dois refaire surface.
  Ce matin, j’ai reçu une nouvelle lettre du chevalier. Vivement qu’il revienne. On embarquera vers de nouvelles aventures en buvant à nouveau comme des trous et je n’aurai plus le temps de tomber amoureux.
  Pour la troisième fois de suite, je relis ce que cet olibrius vient de m’écrire. Il est impayable et ne changera jamais. Lui seul peut avoir des idées aussi lumineuses : il est devenu propriétaire d’un îlot désertique et grâce à cet achat vient d’obtenir la double nationalité, ce qui lui ouvre des avantages fiscaux monstrueux.
  A-t-il raison de profiter ainsi du système ? Je ne sais pas, mais il faudrait être sacrément idiot pour s’en priver. À sa place, qui hésiterait ?
  J’aimerai suivre son exemple, devenir riche à millions pour m’offrir, moi aussi, des cocotiers, du soleil et des doigts de pieds en éventail. Si j’écrivais une chanson à succès, une nouvelle vie serait possible, d’autres bras s’ouvriraient à moi, j’oublierais mes élucubrations d’amoureux transi et je ne me brûlerais plus si bêtement et si profondément les ailes.

  Le chevalier m’écrit que les filles des caraïbes se moquent de la politique, de la mode et de tout ce que Yasmine me reproche. Pour les européens, tout est si facile là-bas.
  Je pourrais trouver un prétexte pour le rejoindre et n’aurai plus à supporter la tristesse de cette vie de paralysé au milieu de l’hiver. Que l’on soit au 19e ou au 21e siècle, le vieux continent est toujours englué dans le même malaise. Tout évolue sans cesse et malgré tout rien ne change.
  Ce matin encore, il y a dans le journal le texte d’un discours proclamé devant le parlement par notre roi Jacques-Nicolas-François qui résume bien ce sempiternel problème :
« ... La dette de l’État, déjà immense à mon arrivée au pouvoir, s’est encore accrue, à cause de la crise qui frappe notre pays de plein fouet. L’augmentation des impôts est donc nécessaire.
   Et nous devons nous hâter. C’est pourquoi, Messieurs, je vous ai rassemblés, car j’espère que vous renoncerez à quelques privilèges…
  J’ai ordonné dans les dépenses des retranchements considérables et vous me présenterez à cet égard des idées que je recevrai avec empressement.
  Malgré la ressource qu’offre l’économie la plus sévère, je crains, Messieurs, de ne pas pouvoir soulager nos concitoyens aussi promptement que je le désire.
  Les esprits sont dans l’agitation, mais votre assemblée n’écoutera sans doute que les conseils de la sagesse. Vos délibérations répondront aux sentiments d’une Nation généreuse, et tout ce qu’on peut attendre de l'intérêt commun, tout ce qu’on peut demander à un président, vous pouvez, vous devez l’espérer de mes sentiments.
  Un accord doit régner dans cette assemblée ! C’est le souhait de mon cœur, c’est le plus ardent de mes vœux, c’est enfin le prix que j’attends de la droiture et de mon amour pour mes peuples... »

  On a longuement applaudi, créant le temps d’un instant, un semblant d’union sacrée. Quelques esprits chagrins ont affirmé que ce discours n'était qu'un vulgaire copié-collé de celui que prononça Louis XVI inaugurant les États-Généraux, mais cette polémique sur la paternité de ces quelques phrases est sans intérêt. Tous les chefs d’état du monde auraient pu prononcer ces mots. Ils sont de bon sens tout autant que de langue de bois, à n’importe quelle époque.

  Jacques-Nicolas-François, à l’instar de Louis XVI, espère fédérer ses députés, heureux d’entendre glorifier leur bonne volonté. Ils accepteront, bien entendu, le principe d’une réduction des dépenses et d’une augmentation des impôts. Le seul désaccord, que l’on soit en 1789 ou en 2017, sera le choix de faire payer, qui et de combien.

  Cette incertitude de l’avenir s’additionne à mes propres angoisses. Yasmine a disparu et Gaspard est à l’autre bout du monde. Le froid, la grisaille, le marasme politique s’accumulent. Incapable de composer, à part quelques trognons de mélodies sans suite, je voudrais me recroqueviller dans une coquille, ne plus rien faire, attendre que la facilité me guide. C'est un bon refuge le sommeil.
  Depuis quelques jours je suis fiévreux, malade. Personne n’est dupe. Maria se tait. Connaissant la cause de mon désarroi, elle laisse les portes de sa cuisine ouvertes afin que les odeurs se diffusent dans le grand escalier, espérant ainsi me redonner le désir de vivre.
   L’abbé, lui, force tous les jours la porte de ma chambre au prétexte de m’apporter la gazette. Il s’installe près de la fenêtre et commente tranquillement l’actualité, m’obligeant à rester connecter avec la réalité.
  Sans trop insister, mon nouvel ami me rappelle régulièrement que je suis un musicien aux qualités indéniables, promis à un bel avenir. Il m’encourage, affirmant que je dois m’accrocher, que je n’ai pas le droit de baisser les bras, que se complaire dans la dépression ou noyer son chagrin dans l’alcool ne résout rien, bien au contraire.
— La gloire finira par croiser votre route à un moment donné, c’est mathématique. Et si le temps perdu ne se rattrape pas, on a toujours le pouvoir d’échafauder le futur. Il y a le verre à moitié vide et le verre à moitié plein…
  Je lui rappelle qu’un spectacle de travestis dans une maison de retraite est loin d’être le bon tremplin pour s’ouvrir les portes de l’Olympia mais il ne se laisse pas démonter devant un argument aussi faible. Sa machine à positiver est en marche, aucun obstacle n’est, d’après lui, insurmontable.
— Dans quelques mois le printemps sera de retour, il y aura d’autres rires, d’autres fleurs qui ne demanderont qu’à se laisser cueillir. Et si vous voulez absolument retrouver cette fille, sortez de votre léthargie et je vous en supplie, arrêtez de tourner vos malheurs stérilement en rond dans votre tête.  




*




  Voulant solliciter une subvention pour l’abbaye et mieux comprendre ce qu’il en est exactement de la pénurie de céréales, l’abbé insiste pour que je l’accompagne dans ses démarches. L’amitié, reconnue de tous, que me porte le chevalier de la Part-Dieu devrait l’aider à obtenir du conseil municipal quelques subsides et convaincre plus particulièrement l’accusateur Lebenne, puisque ce magistrat préside actuellement aux destinées de la cité.
  Je me laisse porter par son enthousiasme, c’est également un bon refuge l’enthousiasme. Nous assistons donc maintenant ensemble aux séances du conseil.

  La hausse des prix, l’insécurité et la menace de guerre contre la France y occasionnent des discussions houleuses. Certains débats de l’assemblée nationale retransmis par « Public Sénat » s’apparentent à ceux de notre petite ville. Je les trouve parfaits pour qui veut avoir l’impression d’être au cœur de l’Histoire, avec un grand H. Parfaits aussi pour celui qui aime être bercer sans avaler les myriades de jeux, de pubs et de pseudos émissions culturelles édulcorées que la plupart des autres chaînes télés proposent.
— … notre cité, elle aussi, est au bord de la faillite. La fiscalité traditionnelle n’est pas suffisante, nous devons palier au désengagement de l’état. Une solution équitable serait de surtaxer ceux de nos contribuables qui ont un revenu supérieur au million par an.
  Ecoutant cette intervention du substitut Olivier, membre du parti de l’opposition, je sursaute, trouvant ce principe totalement injuste et confiscatoire s’il s’applique à mes revenus du 19e siècle. Par contre, mes allocations chômage du 21e  ne sont pas concernées et je souris en écoutant la réaction des bourgeois présents dans la salle.
  Un artisan s’est levé :
— Une nouvelle taxe ? Encore ? Nous ne sommes donc que des vaches à lait, pressurées jusqu’au trognon, attachées à l’étable ou au banc de rames des galères pendant que vous vous prélassez sur le pont en sirotant vos avantages au soleil !
— Ne vous alarmez pas outre mesure, le nouvel impôt imaginé ne touchera pas vos entreprises. Cette taxe est un calcul subtil d’économiste, un prélèvement sur la valeur ajoutée, pas sur votre bénéfice.
— Vous me prenez pour une truffe ? Quel tour de passe-passe inventez-vous pour me faire croire que le fruit de mon travail n’est pas mon bénéfice. Vous me taxez encore et vous me rognez les ailes, ni plus ni moins.
— Mais non, vous ne serez ici qu’un intermédiaire, une boîte aux lettres de percepteur, c’est le consommateur final qui supportera le principal.
— La France vient de nous démontrer le contraire. Leurs comptables nous expliquaient depuis des années qu’un entrepreneur pompé à 20% n’était qu’une boîte à lettres. Dernièrement, les cafetiers et les restaurateurs ont obtenu une TVA à 5,5. Ils auraient, depuis, paraît-il, «rapter» la différence. Mais comment est-ce possible puisqu’ils n’étaient que des boîtes aux lettres ?
  Cette explication me paraît bien complexe et d’ailleurs elle ne convainc personne. Tout le monde défend son pré carré, les débats dévient sans cesse de leurs lignes directrices :
— Vous nous demandez de renflouer vos caisses, et après… Vous recommencerez vos spéculations de plus belle ?
— C’est une mesure temporaire. Le récent pillage du train municipal nous oblige d’imposer à nos concitoyens un effort nécessaire et supplémentaire.
— Parlons en des trains municipaux. Il serait judicieux de confier leur gestion à une structure privée afin d’éviter les débordements budgétaires, non ?
— Ne stigmatisez pas le service public !
— Je ne stigmatise rien, nous devons acheter au plus vite le seul blé disponible sur le marché, il est français et se trouve stocké à la frontière. Alors, qui va s’occuper du transport ? Les convoyeurs survivants du dernier pillage sont en grève, et le temps presse.
  Benoît profite de cette intervention pour interpeller le conseil :
— Ma toute nouvelle société de sécurité est tout à fait apte pour ce genre de mission.

  Le substitut Olivier connait autant que moi les liens privilégiés et particuliers que Benito, majordome du chevalier, entretient avec l’accusateur, bien qu’il ne puisse comprendre à quel point ces deux-là sont jumeaux.
— Privatiser la sécurité est une dépense inutile, sans compter que les sociétés qui obtiendraient une telle charge auront la tentation de soudoyer leurs accréditeurs.
  Lebenne réagit violemment :
— Vous diabolisez sans cesse notre parti en l’accusant de népotisme et de dérive xénophobe. Il nous faut trouver une solution et nous devons choisir nos alliés en confiance, voilà tout. Les véritables questionnements qui mériteraient votre réflexion sont ailleurs : en important ce blé, ne risquons-nous pas de favoriser les nouveaux immigrés qui trafiquent déjà avec leurs pays ? La contrebande et l’ouverture des frontières déstabilisent fortement le commerce honnête de nos concitoyens !
  Au fond de la salle, un homme se lève et réagit :
— L’accusateur a raison, la préférence nationale doit être une priorité. Les produits d’importation sont une concurrence déloyale pour les producteurs locaux.
  Les artisans et les commerçants applaudissent bruyamment cette intervention de leur représentant, le fils Miole, tripier-volailler à l’angle de la place du marché. Tout en parlant, ce dernier exhibe un couteau long comme un avant-bras :
— Celui-là, il n’est pas fabriqué avec de l’acier étranger, j’vous l’jure. Il ne me quitte plus et un de ces jours, je saurai m’en servir !
— Miole ! Rangez ce couteau ! Vous savez que dans cette salle, les armes sont interdites, bien que je comprenne votre colère.
— Les vols se sont multipliés. Nous ne pouvons laisser le moindre de nos étals sans surveillance. Les camps de réfugiés sont de vraies passoires, il faudrait des contrôles plus stricts et fouiller systématiquement ce qui y pénètre et ce qui en sort. Ne prenez pas cet air étonné ! Vous savez aussi bien que moi où se forment les gangs de voyous qui terrorisent le faubourg ! Des solutions existent et vous les avez déjà évoquées ici-même : répertorier et cantonner à l’intérieur de campements spécifiques les immigrés Français ne seraient pas irréalisable. Quand vous accepterez de les séparer des indigents de chez nous, un premier pas vers la tranquillité aura été fait… Et les obliger à porter un écusson n’est pas infamant, ils seraient certainement fiers d’exhiber l’initiale « F » de leur patrie.
     Une cacophonie s'ensuit. On oublie pour un temps le besoin urgent de céréales car les mots « fascisme » et « shoah » sont prononcés.  Certains trouvent l’idée de l’écusson drôle et incongrue, d’autres y voient une solution intéressante. D’habitude discret et réservé, le conseiller Martin, dont le patronyme trahi ses origines françaises, s’emporte :
— Ma famille est implantée dans cette ville depuis plus de quatre générations et quand vous implorez ma banque afin qu’elle vous prête de l’argent, vous êtes heureux de la trouver.
  Bien que le bonhomme représente l’esprit révolutionnaire par ses origines françaises, il est également capitaliste, donc suppo du conservatisme le plus radical ! Le substitut et ceux de l’aile gauche sont mitigés.
— Nous avons besoin d’argent, les banques le possèdent. Elles doivent, plus que quiconque, contribuer aux dépenses de la cité. Il en va aussi de leur intérêt et de la sécurité de leurs établissements, le pouvoir de police ne peut être délégué à n’importe qui.
  Olivier vient de marquer quelques points. Le banquier rechigne car la ville est déjà surendettée, il sait que lui prêter encore serait à fond perdu. Face à lui, une majorité de conseillers se montre favorable à une  participation significative de sa part. Le substitut continue :
— Nous pourrions également taxer la longueur des façades commerçantes ou leurs enseignes…
 La corporation des boutiquiers crie au grand n’importe quoi ! On doit expulser Miole. Visiblement, incontestablement quelque peu éméché ce soir. Il a ressorti son outil de travail et le brandit comme un sabre, menaçant les gardes en les injuriant de parasites et de fainéants.
  Le temps nécessaire au retour du calme marque une pause dans la séance. L’abbé et moi sommes bon publics et nous amusons des tribulations du volailler.
  J’aperçois Benoît, visiblement aux anges car il obtiendra bientôt l’exclusivité de la sécurité des transports municipaux. Lebenne préside aux affaires et soutient officiellement son projet de privatisation de la sécurité urbaine. Les gauchistes du substitut ne seront pas majoritaires. Demain, une commission d’enquête ira au château du seigneur de la Part-Dieu afin de valider les agréments de sa milice.

  Miole est enfin évacué, l’ordre et le silence sont rétablis, les débats reprennent :
— Messieurs, l’impôt n’est pas une punition.
— Peut-être, mais si j’ai bien compris, je dois payer plus d’impôts afin de vous permettre de dépenser parce que cela relancera l’économie, c’est cela ? Mais si je paie moins d’impôts... moi aussi je pourrai relancer l’économie, non ?
— Silence ! Calmez-vous tous. Nous définirons la répartition des taxes lors des prochaines séances, ce qui laissera aux corporations le temps de déposer les amendements de leurs lobbyistes.
  L’accusateur sort de la salle sans que, ni l’abbé ni moi ne puissions l’approcher. Il préfère certainement éviter les débats de couloirs et les critiques des gauchistes affiliés aux syndicats du service public.
  Nous décidons de prendre directement rendez-vous avec lui auprès de son secrétariat.
Frédéric Prunier
Frédéric Prunier

Nombre de messages : 3568
Age : 62
Localisation : MONTLUCON
Date d'inscription : 08/09/2011

http://www.quai-favieres-antiquites.com

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (17) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (17)

Message  Frédéric Prunier Sam 23 Mai 2015 - 21:32

corrections pour le début de ce chapitre :

XVII





        Aucune trace de pas vers la chapelle alors qu’il neige pratiquement tous les jours.
  Je n’ose toujours pas descendre au bar. Janine est-elle au courant de ce qui s’est passé ? Elle ne pourra jamais accepter l’après-midi d’explosion charnelle que je viens de vivre. Quant à Yasmine, elle m’a jeté alors que nous venions tout juste de faire l’amour, pour de vrai. Je ne la comprends pas. Elle tranche le monde en deux parties, sans compromis, avec d’un côté ce qu’elle considère être le bien et le beau en face de tout le reste, qu’elle rejette en bloc. Je l’entends encore gueuler dans l’escalier après avoir claqué la porte de ma chambre, me qualifiant de mou du genou avec ce ton et les paroles blessantes dont elle seule a le secret. Les cousins de Gaspard, quand ils se moquent de moi au bar, expriment la même chose, en ajoutant que je n’ai pas de couilles.
  D’avoir peur de se tromper, de faire le mauvais choix, est-ce de l’indécision? du manque de caractère ? Rien n’est jamais tout blanc ni tout noir. Et puis est-ce ma faute si je n’ai pas la rigidité partisane des jumeaux ou si je ne suis pas aussi combatif et mordant que ma diablesse ? Qu’elle affiche des idées révolutionnaires grâce à ses uniformes d’insoumise et qu’elle critique tout ce qui ressemble à de l’embourgeoisement ne suffira pas pour en faire un être véritablement libre et anticonformiste ! Je croyais que la recherche du compromis était plutôt une qualité…
  Je ne serai jamais un héros, ne braquerai pas de banque, ne tuerai personne ni ne grimperai sur aucune barricade en défiant la mort. Je ne serais jamais non plus un mari idéal et mes histoires d’amour n’auront pas lieu, que ma belle s’appelle Janine ou Yasmine. C’est con mais c’est comme ça.
  Quand je me retrouve seul, je gueule comme un fou, les implorant de sortir de ma tête. Le temps va être long, les caresses de Yasmine me manquent, viscéralement. Je repense à toute la méchanceté qu’elle exprimait en voulant me jeter le chandelier à la figure. Le visage de Janine deviendra-t-il aussi hideux quand elle me reprochera mon infidélité ?
 

 

  Autour de moi, il y a Maria, Titou et sa bonne humeur, l’équipe des bras cassés de chez Seb, il ne faut pas que je les oublie. Je dois refaire surface.
  Ce matin, j’ai reçu une nouvelle lettre du chevalier. Vivement qu’il revienne celui-là. On embarquera vers de nouvelles aventures, en buvant à nouveau comme des trous, et je n’aurai plus le temps de tomber amoureux.
  Pour la troisième fois de suite, je relis ce que cet olibrius vient de m’écrire. Il est impayable et ne changera jamais. Lui seul peut avoir des idées aussi lumineuses : il est devenu propriétaire d’un îlot désertique et grâce à cet achat vient d’obtenir la double nationalité, ce qui lui ouvre des avantages fiscaux monstrueux.
...............
Frédéric Prunier
Frédéric Prunier

Nombre de messages : 3568
Age : 62
Localisation : MONTLUCON
Date d'inscription : 08/09/2011

http://www.quai-favieres-antiquites.com

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (17) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (17)

Message  jeanloup Mer 27 Mai 2015 - 14:58


je ne suis pas fan de cette chronique politique et économique somme toute assez banale.




jeanloup

Nombre de messages : 112
Age : 108
Localisation : choisy le roi
Date d'inscription : 23/03/2015

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (17) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (17)

Message  Frédéric Prunier Mer 27 Mai 2015 - 21:13


le discours du roi est un copié-collé, à peine remanié, du vrai discours de Louis XVI
et les comptables expliquent une logique de chiffre qui n'est qu'une logique parmi tant d'autres.
ce qui est amusant,
c'est qu'une amie a trouvé au contraire originale l'angle de vue
comme quoi
il n'y a pas qu'une vérité

:-)
Frédéric Prunier
Frédéric Prunier

Nombre de messages : 3568
Age : 62
Localisation : MONTLUCON
Date d'inscription : 08/09/2011

http://www.quai-favieres-antiquites.com

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (17) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (17)

Message  NikitaM Jeu 28 Mai 2015 - 16:27

Bonjour,

J'ai bien aimé la première partie du texte, qui mêle assez habilement plusieurs réflexions - de l'amour à la politique, des sentiments intérieurs à la réalité extérieure, c'est souvent assez fin et surtout cela surprend, je veux dire le texte avance sans que l'on sache où il va mais cela fonctionne. C'est agréable de lire des phrases auxquelles on ne s'attend pas.

Cette phrase m'a plu "Ils sont de bon sens tout autant que de langue de bois, à n’importe quelle époque.
"

La deuxième partie m'a plus ennuyé, je ne saurai dire pourquoi. Peut-être que la rupture est trop nette avec le début, j'ai été déstabilisée, et ne m'y retrouvais plus, sans doute est-ce la raison pour laquelle j'ai eu moins de plaisir à la lire.
NikitaM
NikitaM

Nombre de messages : 9
Age : 35
Date d'inscription : 17/04/2015

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (17) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (17)

Message  NikitaM Jeu 28 Mai 2015 - 16:29

*ennuyée / *saurais

ps. Désolée, je n'ai pas trouvé de fonction pour éditer mon message.
NikitaM
NikitaM

Nombre de messages : 9
Age : 35
Date d'inscription : 17/04/2015

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (17) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (17)

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum